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Santé

AVC: la qualité de la prise en charge progresse mais doit être améliorée

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Que ce soit au niveau des examens de diagnostic, du traitement médicamenteux ou de la période de suivi, des améliorations restent à faire dans la prise en charge générale de l'accident vasculaire cérébral (AVC), selon la Haute autorité de santé. C'est pourquoi celle-ci demande des efforts soutenus de la part des professionnels de santé.

Un accident vasculaire cérébral (AVC) se produit lorsqu'une partie du cerveau est brusquement privée de sang. L'arrêt de la circulation du sang ne permet plus un apport suffisant en oxygène et en éléments nutritifs: cela entraîne la mort des cellules cérébrales, dans la zone du cerveau touchée. La gravité de l'accident vasculaire cérébral va dépendre de la localisation et de l'étendue des zones cérébrales touchées, mais aussi de la précocité du diagnostic et de la rapidité de la prise en charge.

"Ils permettent de réduire la mortalité de 30%", précise l'Assurance maladie qui affirme que le "traitement doit être réalisé dans les premières heures qui suivent l'apparition des symptômes." A cette condition, on pourra limiter la lésion cérébrale et les séquelles, qui peuvent être multiples: une paralysie ou une faiblesse d'un côté du corps, des problèmes de vision, des troubles de la parole et de l'écriture, une incapacité à reconnaître ou à utiliser des objets familiers, etc.

Dans le cadre de ses missions, la Haute autorité de santé (HAS) a évalué cette année les pratiques des professionnels de santé au regard des recommandations sur quatre prises en charge à risque, enjeux de santé publique: l’hémorragie du post-partum, l’hémodialyse, l’AVC et la chirurgie de l’obésité. Elle en publie les résultats au niveau national mais également par établissement, consultables actuellement sur le site www.scopesante.fr.

Les examens ne sont pas réalisés assez vite

Concernant l'AVC, ses experts observent ainsi que la prise en charge en urgence s’améliore, mais que toutes les chances pour accéder au bon traitement ne sont pas encore du côté des patients. Son rapport indique ainsi que chaque année, environ 130.000 personnes en sont victimes en France, dont 40.000 mourront de ses suites et 30.000 garderont des séquelles lourdes. Surtout, alors qu’une prise en charge dans les premières heures est cruciale, seul 1 patient sur 3 est arrivé à l’hôpital dans les 4 heures suivant son AVC en 2017.

"Pour ces patients, seuls 30% ont bénéficié d’une IRM ou d’un scanner cérébral dans les 30 premières minutes comme recommandé (56% dans l’heure)", explique la HAS. Dans 85% des cas, l’arrêt de la circulation du sang est dû à un caillot qui bouche une artère cérébrale: on parle d’AVC ischémique (infarctus cérébral). Les patients qui se présentent aux urgences avec ce type d'AVC ont pu bénéficier d’une thrombolyse (traitement médicamenteux) dans 27% des cas, "l’un des meilleurs résultats au monde", précise le rapport.

Ce traitement consiste à dissoudre le caillot qui bouche l'artère cérébrale, en perfusant un médicament pour rétablir la circulation du sang et l'apport en oxygène au niveau du cerveau. "Plus ce traitement est mis en place rapidement, moins les séquelles seront importantes", affirme l'Assurance maladie. En 2017, 4% des patients ont bénéficié d’une thrombectomie, un traitement mécanique qui est en train de se développer et consistant à retirer le caillot sanguin, en introduisant une sonde dans l'artère.

Peu de patients bénéficient d'une consultation post-AVC

Le rapport met aussi en avant un point fort dans la prise en charge de cette urgence. "Tous patients confondus, 8 sur 10 bénéficient désormais d’une expertise neuro-vasculaire pour confirmer le diagnostic et définir les traitements adaptés, ainsi que d’une évaluation par un professionnel de la rééducation", précise-t-il. En revanche, le suivi doit être amélioré puisque, à titre d'exemple, seuls 65% des patients ont bénéficié d’un dépistage des troubles de la déglutition avant une alimentation liquide ou solide.

Les chiffres sont encore plus mauvais en ce qui concerne la consultation post-AVC: à peine plus d’un patient sur deux (54%) en a bénéficié. Elle est pourtant indispensable pour dépister des séquelles peu visibles et faire le bilan en terme de rééducation, dans le but de regagner le maximum d'autonomie. De manière générale, le suivi est essentiel pour éviter un nouvel AVC ou la survenue d'autres maladies cardiovasculaires.

Cette étape permet notamment de faire le point sur les facteurs de risque cardiovasculaires sur lesquels il est possible d'agir: arrêter le tabac (il favorise le rétrécissement des artères), limiter la consommation d'alcool, lutter contre le surpoids ou l'obésité (la présence de graisse au niveau abdominal est un facteur de risque), surveiller son cholestérol, sa tension et son diabète et pratiquer une activité physique (au moins 30 minutes par jour).

Alexandra Bresson