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Santé

"Au mieux inutiles, au pire dangereux": 60 millions de consommateurs met en garde contre l'usage de compléments alimentaires

Oméga 3, vitamines, calcium... les compléments alimentaires sont souvent moins utiles que les Français ne le croient. - Des Asuncloner - Flickr - CC Commons

Oméga 3, vitamines, calcium... les compléments alimentaires sont souvent moins utiles que les Français ne le croient. - Des Asuncloner - Flickr - CC Commons - -

60 Millions de consommateurs a passé au crible la composition d'une centaine de produits parmi les plus achetés dans les pharmacies françaises en hiver. L'enquête du magazine met sérieusement en doute leur efficacité.

Alors que la défiance à l'égard des médicaments  ne cesse de croître, les Français se tournent de plus en plus vers des produits qu'ils considèrent "naturels ou inoffensifs". Pour lutter contre les problèmes de sommeil, rhume, fatigue, transit… ils ont acheté pas moins de 150 millions de boîtes de compléments alimentaires en 2018. Un marché prospère qui a représenté 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires. 

Mais ces remèdes sont-ils aussi efficaces qu'ils prétendent l'être? Avec l'aide de plusieurs médecins et pharmacologues, 60 Millions de consommateurs, a passé au crible la composition de plus de 120 compléments alimentaires parmi les plus achetés en pharmacie, parapharmacie et autres magasins bio, en automne et en hiver.

Publié ce jeudi, le magazine édité par l'Institut national de la consommation (INC) révèle que l'efficacité de bon nombre de ces produits présentés comme salvateurs n'est pas démontrée, et que certains peuvent même être néfastes pour la santé. 60 millions de consommateurs met en garde contre certaines substances potentiellement dangereuses notamment pour les os, le foie, le fœtus ou encore les vitamines D, E et K qui vont aller se stocker dans les graisses. 

Des produits très connus épinglés

Des produits extrêmement réputés sont pointés du doigt, tels que les ampoules Juvamine censées "tonifier" et "stimuler" le corps. Le magazine juge ces dernières médiocres, car elles contiennent beaucoup de substances stimulantes comme de la caféine, ainsi que de l'eau, du jus d'orange et du sirop de fructose.

Or la caféine, présente dans ces comprimés "stimule la vigilance et masque l'envie de dormir", mais elle empêche aussi "le bon fonctionnement du processus de mémorisation" et peut entraîner "en cas de surdosage céphalées, anxiété, nausées et troubles du rythme cardiaque".

Particulièrement connu pour aider à la concentration, le fameux Berrocca est lui aussi jugé "à proscrire" par les experts de l'étude, car il contient plusieurs substances problématiques, ainsi que des recommandations "très insuffisantes". De la même manière, les comprimés de Bion 3 sont déconseillés, car ses indications sont jugées "trop floues". Le fabricant recommande en effet de prendre "plusieurs cures" de 30 à 60 jours par an, ce qui pourrait provoquer un risque de surdosage, écrit 60 millions de consommateurs

Les pastilles pour la gorge telles qu'Oropolis ou encore les sirops adoucissants comme Proroyal "spécial enfant" ne sont pas épargnées. Ceux-ci sont "à proscrire", selon le magazine, puisqu'ils contiennent moult additifs pouvant causer des désordres intestinaux ou des réactions allergiques.

Attention à la "banalisation" de ces produits

De manière générale, l'Académie de pharmacie alerte sur les risques de certains produits et dénonce, avec l'Académie de médecine, une réglementation trop laxiste. Bien qu'ils soient souvent présentés comme des gélules ou des comprimés, les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. Ces gélules, contrôlées par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), sont en effet soumises à une réglementation moins longue et moins coûteuse.

"Cette banalisation peut laisser penser au consommateur que ces produits sont sans danger et qu'il est capable de les choisir sans en référer à une autorité médicale", explique au magazine Aymeric Dopter, adjoint au chef de l'unité d'évaluation des risques liés à la nutrition à l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail).

"Une alimentation équilibrée apporte tous les nutriments dont l'organisme a besoin. Une supplémentation est donc au mieux inutile, au pire dangereuse", conclut Aymeric Dopter. 

L'intégralité de l'enquête est à retrouver dans le hors-série "Compléments alimentaires" de 60 millions de consommateurs, en kiosque ce jeudi.

Jeanne Bulant