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Santé

Arthrose: une nouvelle pratique de lutte contre la douleur

Pour soulager les douleurs articulaires, il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière et d’intensité modérée en dehors des poussées inflammatoires.

Pour soulager les douleurs articulaires, il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière et d’intensité modérée en dehors des poussées inflammatoires. - iStock - Yuri_Arcurs

Alors qu'il n'existe aucun programme éducatif dédié spécifiquement à l’arthrose en France, deux médecins viennent de mettre au point le projet "Arthroschool", des séances d’éducation thérapeutique pour les patients souffrant de douleurs et pour combattre les idées reçues sur le sujet.

L'arthrose est la maladie articulaire la plus répandue qui se caractérise par la destruction du cartilage qui s’étend à toutes les structures de l'articulation. Celui-ci perd en épaisseur, se fissure et finit par disparaître, entraînant ces douleurs. Longtemps considérée comme une fatalité liée au vieillissement, il s’agit en réalité d’une maladie articulaire à part entière.

Si plusieurs facteurs de risque ont ainsi bien été identifiés (surcharge pondérale, port fréquent de charges lourdes, activité physique trop intense, anomalies anatomiques, traumatisme, maladies touchant les articulations), il n'existe aucune thérapie capable de protéger le cartilage. Les patients peuvent uniquement bénéficier de traitements symptomatiques contre la douleur, des traitements médicamenteux (antalgiques) associés à des mesures non médicamenteuses.

Or, de nombreuses fausses croyances circulent selon lesquelles il n’y a rien à d'autre à faire pour soulager ces douleurs articulaires, sinon rester au repos. C'est pourquoi deux médecins rhumatologues, Dominique Pérocheau et Serge Perrot ont initié le programme pédagogique "Arthroschool" au Centre d’étude et de traitement de la douleur de l'Hôtel-Dieu et de l'hôpital Cochin, à Paris, soutenu par la Fondation Apicil contre la douleur.

Former et informer les patients

Ce dernier s'inspire du "Programme d’auto-gestion de l’arthrose" de l’Université de médecine de Stanford, développé dans les pays anglo-saxons.

"Le projet veut modifier les comportements, afin de faire comprendre aux patients les bénéfices potentiels des diverses stratégies médicamenteuses et non médicamenteuses liées à l’arthrose", précise L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Concrètement, la formation propose aux patients de développer leur autonomie dans la gestion de leur maladie et de leur douleur, grâce à l’acquisition de compétences spécifiques. Ces dernières sont enseignées au travers d’une approche alliant entre autres kinésithérapie, diététique, sophrologie et psychologie.

"Tout en les informant sur leur maladie, les équipes soignantes pluridisciplinaires leur donnent des pistes pour gérer le stress, les protocoles médicamenteux, les encouragent à pratiquer une activité physique adaptée. Le but est globalement de redonner un sens à la vie de ces patients en travaillant avec eux pour qu’ils connaissent mieux leur handicap et qu’ils puissent agir sur leur douleur." explique le professeur Serge Perrot.

Des perspectives de recherche médicale

Les séances d’apprentissage se déroulent sur cinq semaines consécutives, à raison d’une demi-journée par semaine, avec des groupes composés de huit participants. Dans un premier temps, ces derniers sont invités à verbaliser leurs craintes et croyances relatives à l’arthrose pour réaliser une carte conceptuelle qui servira à la fois de support d’apprentissage et d’outil d’évaluation et permettra d’identifier les idées correctes et celles qui ne le sont pas.

Des séances de relaxation et d’activité physique sont également prévues, pour apprendre aux patients des exercices pouvant être menés en autonomie. À la fin de chaque demi-journée, un livret leur est remis pour indiquer différentes activités à réaliser pour agir sur les douleurs avant la prochaine session.

Les bénéfices de ce projet sur les douleurs chroniques, la qualité de vie et la gestion du handicap des patients seront évalués et comparés avec la prise en charge classique d'autres patients. Parallèlement, les participants au projet aideront à élaborer un nouveau type de questionnaire basé sur des mesures par auto-déclaration du patient baptisé "O.A.S.I.S" pour "Osteo Arthrisis Symptom Inventory Scale", qui fera l'objet d'une évaluation scientifique.

Alexandra Bresson