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Santé

Après des mois de polémique, l'unité de cancérologie de Garches ferme

L'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine, où se trouvait l'unité d'oncologie pédiatrique.

L'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine, où se trouvait l'unité d'oncologie pédiatrique. - -

Les colères, les actions en justice, les grèves de la faim des parents de jeunes patients auront été impuissantes à empêcher la fermeture du service de cancérologie pour enfants de Garches. L'hôpital qui proposait des traitements individualisés et controversés a été fermé comme prévu, jeudi soir, par l'AP-HP.

Après des mois de polémique, le service de cancérologie pour enfants de Garches aux méthodes controversées a été fermé par l'AP-HP, suscitant la colère de parents "lâchés dans la nature" et "désespérés".

Les derniers patients ont quitté le service de l'établissement Raymond Poincaré de Garches dans les Hauts-de-Seine jeudi vers 21 heures. Des "solutions" ont pu être trouvées pour chacun d'entre eux, a assuré la direction des hôpitaux parisiens. Deux enfants sont rentrés chez eux et deux autres ont été dirigés vers l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif dans le Val-de-Marne. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dit rester "mobilisée pour maintenir le lien" avec les malades afin "d'assurer la continuité de leur prise en charge".

"Faux", rétorque le docteur Nicole Delépine, l'ancienne chef du service de Garches partie à la retraite à la mi-juillet. "J'ai actuellement une vingtaine de familles désespérées qui ne savent pas où aller", assure-t-elle.

Une fermeture programmée

L'administration avait programmé la fermeture de l'unité après le départ à la retraite de la pédiatre et cancérologue, mais elle s'était heurtée à la résistance de certains parents. Quatre d'entre eux ont conduit une grève de la faim pendant près de deux semaines fin juin.

Parallèlement, l'association Ametist, qui regroupe des proches de malades, a déposé une série de recours. Le tribunal de grande instance et le tribunal administratif de Paris ont rejeté ses demandes.

"Ils ne se sont pas prononcés sur le fond, nous déboutant plutôt sur des questions de procédure. Le combat continue", estime Carine Curtet, présidente d'Ametist. L'association a saisi le Conseil d'État, le nouveau Défenseur des droits, Jacques Toubon, et la Cour européenne des droits de l'homme.

"Cela sera bien sûr difficile de rouvrir un service qui a été fermé, mais mon ancienne équipe est prête à aller n'importe où", relève Nicole Delépine.

Un bras de fer qui dure depuis des années

Le bras de fer entre le docteur et l'administration dure depuis des années. En 2004, l'AP-HP et le ministère de la Santé signent un protocole prévoyant la création d'un service de cancérologie pédiatrique dans les locaux de Raymond-Poincaré. L'autorisation d'exercer, renouvelée en 2009 pour une durée de cinq ans, expirait le 21 août.

Mais, l'AP-HP avait décidé en début de semaine d'accélérer la fermeture, en raison des tensions avec certains parents.

"Nous sommes complètement lâchés dans la nature", estime Laurence Godfrin dont la fille, soignée à Garches depuis quatre ans, doit entamer une nouvelle chimiothérapie la semaine prochaine. Elle refuse d'aller dans l'hôpital proposé par l'AP-HP, "inadapté", selon elle.

Le service de Garches était, aux yeux de certains parents, unique en France car il offrait "un choix thérapeutique" aux malades, contrairement aux autres unités d'oncologie pédiatrique qui appliquent, elles, à la lettre, les stratégies établies par la Société française de lutte contre les cancers et leucémies de l'enfant et de l'adolescent (SFCE).

L'équipe médicale du Docteur Delépine dispensait un traitement par chimiothérapie, vieux de trente ans, basé essentiellement sur une molécule, le méthotrexate, et refusait d'inclure les patients dans des essais cliniques.

La direction des hôpitaux parisiens présentera mi-septembre un bilan sur l'état de prise en charge des anciens malades de cet hôpital.

D. N. avec AFP