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Anorexie mentale: comment prédire et prévenir le risque de rechute?

L'anorexie mentale touche 30.000 à 40.000 personnes en France.

L'anorexie mentale touche 30.000 à 40.000 personnes en France. - Paola Cimenti - Flickr - CC

La 3e semaine de la recherche en santé mentale s’achève. Un évènement organisé par la Fondation pour la recherche médicale, dont BFMTV est partenaire, destiné à mettre en lumière les nouveaux défis de la recherche. Parmi eux, mieux comprendre les mécanismes en jeu dans l’anorexie mentale, une maladie essentiellement féminine.

C’est un réflexe. Juliette de Salle prend le soin de bien fermer à clé la porte d’accès au service dont elle fait partie depuis un an. A 49 ans, elle est devenue "médiatrice de santé pair". Autrement dit, patiente experte. "Pour être médiatrice pair, il faut être passée par les troubles. Arrivée à l’adolescence, à l’âge de 16 ans, j’ai souffert d’abord d’anorexie puis de boulimie", témoigne cette architecte de formation.

"Combler un vide"

Cela fait 18 ans qu’elle s’estime guérie, après quinze années d’idées obsessionnelles sur la nourriture : "Au bout de 15 ans, j’ai pu dire, je n’ai plus besoin des TCA (troubles des conduites alimentaires, NDLR). Les TCA ont été une protection, à un moment où je n’avais pas le choix. Cela m’a aidée à continuer à survivre, et à anesthésier beaucoup de choses, la nourriture avait ce rôle-là, combler un vide aussi."

Juliette de Salle vient désormais en aide aux patientes du GHU Paris Psychiatrie, aux côtés de Chloé Tezenas du Montcel, psychiatre. "L’anorexie touche entre 0,9% et 1,5% des femmes", explique-t-elle. "Il y a une grande hétérogénéité dans la représentation géographique de la maladie, également dans le rapport hommes/femmes, le ratio est de 9 à 12 femmes pour un homme."

"Pas tous égaux face à la dénutrition"

La cheffe de clinique travaille depuis deux ans et demi sur un projet de thèse ambitieux: quel est l’impact de la dénutrition prolongée dans le fonctionnement cérébral. Et comment une restriction alimentaire peut-elle s’installer durablement chez certaines personnes ?

"On n’est pas tous égaux face à la dénutrition", assure-t-elle. Certaines personnes ne vont pas déclencher un trouble du comportement alimentaire dans un épisode de régime. D’autres vont avoir une perte de contrôle face à cette restriction alimentaire de plus en plus importante."

Chloé Tezenas cite notamment des facteurs de risque génétiques, psychologiques, environnementaux pouvant interagir et favoriser l’émergence de la maladie.

Identifier des "biomarqueurs" dans le sang

A terme, la spécialiste souhaite pouvoir prédire, au moment de la sortie d’hospitalisation, quelles patientes vont avoir besoin d’un peu plus de soutien: "Notre but n’est pas d’identifier qui va développer une anorexie mais, chez les patientes que l’on reçoit, lesquelles sont à risque de développer une forme plus chronique de la maladie",explique-t-elle.

"J’essaye d’identifier des biomarqueurs métaboliques, dans le sang, qui pourraient être corrélés à des formes plus chroniques de la maladie et des rechutes", explique-t-elle.

Parmi les pistes d’explication envisagées par les chercheurs, une perturbation de la régulation des hormones contrôlant l’appétit chez les patientes qui développent une forme d’anorexie chronique.

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Margaux de Frouville