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Anorexie: les mannequins trop maigres privées de défilé?

Les agences de mannequinat qui refuseront de révéler les indices de masse corporelle de leurs mannequins risqueraient six mois d'emprisonnement.

Les agences de mannequinat qui refuseront de révéler les indices de masse corporelle de leurs mannequins risqueraient six mois d'emprisonnement. - Damien Meyer - AFP

En se basant sur les indices de masse corporelle des mannequins, un élu PS veut interdire les publicités qui promeuvent des standards de poids irréalistes.

Fini les mannequins trop maigres sur les murs de la ville ou dans les magazines : c’est l’objectif de deux amendements proposés par le député Olivier Véran, élu PS de l’Isère et neurologue, et qui devraient être déposés ce lundi pour être intégrés à la loi santé de Marisol Touraine.

"Il est intolérable que l'on puisse faire l'apologie de la dénutrion et que l'on puisse exploiter commercialement des personnes qui sont dans des situations mettant en danger leur santé", a indiqué Olivier Véran.

La ministre a déjà assuré qu'elle soutiendrait l'amendement. "Quand on est mannequin on doit aussi s'alimenter et prendre soin de sa santé. C'est un message important à l'attention des jeunes filles, des jeunes femmes qui voient dans ces mannequins un modèle esthétique. La démarche est bonne", a-t-elle argumenté sur BFMTV.

Six mois d'emprisonnement pour les agences récalcitrantes

Le premier amendement vise à interdire aux agences de mannequinat le recours à des mannequins lorsqu'ils sont diagnostiqués en état de dénutrition.

Cet état "d'extrême maigreur", qui s'échelonne sur "trois niveaux de gravité" selon le député, s'évalue sur l'Indice de Masse Corporelle (IMC) du sujet, calculé "en divisant le poids par la taille élevée au carré".

Le neurologue propose de modifier le code du travail afin de contraindre les agences à attester pour chaque mannequin d'un certificat médical prouvant que son IMC est supérieur à une valeur donnée.

Tout contrevenant s'exposerait à une peine de six mois d'emprisonnement et à 75.000 euros d'amende. "Cette valeur n'est pas encore déterminée. Elle devra faire l'objet de débats. Je propose que la Haute autorité de santé se prononce à son sujet", a-t-il précisé.

Un "délit de valorisation de maigreur excessive"

Certains pays comme Israël, l'Espagne, l'Italie, le Chili ou la Belgique, ont déjà réagi face à ce phénomène en prenant des dispositions législatives ou réglementaires.

"En France, on considère que l'on est maigre en dessous de 18,5. L'OMS retient un indice en dessous de 18 (soit 55 kg pour 1 mètre 75, NDLR) pour commencer à parler de dénutrition. En dessous de 17, c'est une dénutrition sévère. En dessous de 16, c'est considéré comme un état de famine", a expliqué Olivier Véran.

Le deuxième amendement, qui sera déposé conjointement avec la délégation aux droits des femmes, créerait notamment un "délit de valorisation de maigreur excessive" et viserait à interdire les sites internet qui font "l'apologie de l'anorexie". "Ces sites expliquent aux jeunes filles de 12-13 ans qu'il faut avoir un écart de 15 centimètres entre les jambes pour être belle", a précisé le député.

Il estime qu'en France, "entre 30 et 40.000 personnes" souffrent d'anorexie mentale. "Ce sont des adolescents dans 90% des cas. L'impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort", a déploré le député.

J.S avec AFP