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Santé

Alzheimer: vers un premier traitement efficace contre les symptômes?

Il s’appelle l’aducanumab. Jamais un traitement anti Alzheimer n’a généré autant d’espoirs. Le laboratoire américain Biogen vient d’annoncer des résultats probants pour la régression des symptômes de cette maladie dégénérative.

C’est l’histoire d’un revirement source d’un immense espoir dans le champ de la lutte contre la maladie d'Alzheimer. Le 21 mars dernier, le laboratoire Biogen annonce la suspension de son étude clinique de phase III, c’est-à-dire réalisée à grande échelle, après une analyse "de futilité" négative.

"Lors de cette analyse de futilité, on lève le voile pour savoir qui est traité et qui ne l’est pas. Le produit n’ayant pas montré de différences entre les deux groupes, le laboratoire a acté la suspension de ses travaux", nous explique le professeur Bruno Dubois, neurologue à La Pitié-Salpêtrière et directeur de l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer. Ça a été la douche froide car tout le monde était très excité!" , poursuit le spécialiste.

"Sauf que cet arrêt s’est fondé sur des données récoltées jusqu’en décembre dernier. Pendant près de quatre mois, les patients ont donc continué à prendre la molécule. En refaisant les analyses après l’interruption, le laboratoire s’est rendu compte que l’étude était finalement positive, donc il vient d’annoncer marche arrière toute!", raconte Bruno Dubois, également chercheur à l’Institut du cerveau et de la moelle (ICM).

Amélioration sur les troubles cognitifs et les gestes de la vie quotidienne

Des bénéfices ont en effet été constatés dans le panel des 2066 patients inclus, et pas des moindres: une amélioration de 23% pour les troubles cognitifs "sur l’ADASCOG, une échelle qui associe les paramètres mémoire, langage, orientation dans l’espace", et 40% sur l’autonomie, dans la réalisation des activités de la vie quotidienne.

Concrètement, ce traitement enlève l’une des protéines toxiques (peptide bêta amyloïde) avec un effet inédit sur les patients, notamment le ralentissement de l’évolution de la maladie.

Un espoir pour les patients

"C’est tout simplement la première fois qu’un médicament semble efficace contre les lésions observées chez les patients et les symptômes d’Alzheimer", s’enthousiame le professeur Dubois.

Fort de ces résultats, Biogen entend demander aux autorités sanitaires une autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis et en Europe au début de l’an prochain.

"C’est un espoir pour les patients; c’est la première fois que nous avons un résultat positif dans la recherche", confirme le professeur Claire Paquet, neurologue au centre mémoire de l’hôpital Lariboisière AP-HP). Mais celle qui est aussi membre du conseil de surveillance de l’association France Alzheimer appelle à temporiser:

"Nous n’en sommes pas encore à l’autorisation de mise sur le marché. Il faut en principe deux études positives. Il n’y en a qu’une seule à l’heure actuelle. Une fois cette autorisation obtenue, nous n’en sommes pas encore au remboursement. Et si nous avons ce remboursement, ce traitement sera destiné aux patients légers, donc à une petite proportion, à raison d’une perfusion par mois.

"Pour l’instant, on a mis un pied dans la porte. Après, on mettra la jambe, les bras", synthétise le professeur Dubois.

Margaux de Frouville