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Santé

Alzheimer: un risque de fracture plus élevé avec les benzodiazépines

Les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central et qui ont des propriétés hypnotiques, anxiolytiques, myorelaxantes et anticonvulsivantes.

Les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central et qui ont des propriétés hypnotiques, anxiolytiques, myorelaxantes et anticonvulsivantes. - iStock

Certains malades d'Alzheimer se voient prescrire des benzodiazépines pour traiter leurs symptômes mais ces médicaments, déjà à l'origine de nombreux effets indésirables, seraient aussi susceptibles de favoriser les fractures, selon une récente étude.

Les benzodiazépines sont des médicaments psychotropes qui agissent au niveau du cerveau et possèdent notamment des propriétés anxiolytiques et hypnotiques. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) précise à ce sujet qu'en France, 22 molécules étaient commercialisées en 2013.

"Elles sont indiquées selon leurs propriétés pharmacologiques dans le traitement symptomatique des manifestations anxieuses, dans les manifestations du sevrage alcoolique, dans les troubles sévères du sommeil, dans le traitement des épilepsies généralisées ou partielles et le traitement des contractures musculaires douloureuses".

Ces médicaments font l'objet d'une surveillance accrue car leur usage prolongé expose à un risque de tolérance pharmacologique mais aussi à un grand nombre d'effets indésirables: ils peuvent entraîner des troubles de la vigilance, allant de la simple somnolence à la sédation profonde, avec notamment un risque accru de chute chez les personnes âgées. Depuis plusieurs années, un risque de démence chez les plus de 65 ans est aussi évoqué, mais pas officiellement avéré, selon l'ANSM.

Un risque de fracture de la hanche 43% plus élevé

Dans une récente étude, des chercheurs de la University of Eastern Finland se sont intéressés à leurs effets sur les personnes qui souffrent de la maladie d'Alzheimer. Paradoxalement, les benzodiazépines peuvent en effet s'avérer utiles pour le traitement à court terme des symptômes comportementaux et psychologiques de la démence avancée.

Les chercheurs ont suivi pendant cinq ans 46.373 patients qui n'avaient pas d'antécédents de fractures et qui n'avaient pas utilisé de benzodiazépines au cours de l'année ayant précédé l'étude, dont 21% s'en sont vus prescrire pendant celle-ci. Durant cette période, ils ont noté une moyenne de 2,5 fractures sur 100 patients par an, alors que l'incidence était de 1,4 fracture pour 100 personnes par an chez les patients qui ne prenaient pas ces médicaments.

Plus généralement, l'utilisation de benzodiazépines a augmenté le risque de fracture de la hanche de 43% chez les personnes du premier groupe, un risque particulièrement important pendant les six premiers mois de traitement. Les chercheurs ont par ailleurs constaté que les hospitalisations de longue durée (dépassant quatre mois) après une fracture de la hanche étaient plus fréquentes chez ces derniers.

La France, grande consommatrice

Au vu de ces résultats, ils rappellent l'importance de suivre les lignes directrices des agences sanitaires pour éviter les effets indésirables associés aux benzodiazépines, et de privilégier les approches non-médicamenteuses. En France, l'ANSM publie régulièrement les règles de bons usages en la matière puisque "les différentes études menées dans le champ de l’utilisation des benzodiazépines montrent que leur consommation en France reste l’une des plus élevées en Europe".

En 2012, 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine, avec un âge médian de 56 ans. Environ 20% des effets indésirables graves rapportés sont des affections du système nerveux (somnolence, coma et perte de conscience) et environ 15% des affections psychiatriques (état confusionnel, agitation, désorientation...). Dans son état des lieux de 2013, l'agence précise par ailleurs que:

"Le niveau de consommation et l’utilisation de ces médicaments sur des durées plus longues que celles indiquées dans le cadre de l’autorisation de mise sur le marché représentent un problème de santé publique identifié depuis de nombreuses années".

Elle recommande ainsi que la prescription des benzodiazépines ne soit envisagée qu’après échec des approches non médicamenteuses, ne doit pas dépasser les durées préconisées (12 semaines pour les anxiolytiques et 4 semaines pour les hypnotiques), soit régulièrement réévaluée quant à ses effets indsirables et que le patient soit informé des risques.

Alexandra Bresson