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Santé

Alzheimer: des chercheurs préconisent le TEP Scan comme examen de diagnostic

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Des chercheurs ont modifié l'utilisation d'un examen d'imagerie médicale, le TEP, pour le rendre capable de détecter la présence de protéines malignes dans le cerveau. Cette nouveauté pourrait bénéficier à certains patients dont le diagnostic de maladie d'Alzheimer est difficile à établir.

Même s’il n’existe, pour l’heure, aucun traitement curatif contre la maladie d'Alzheimer, il est essentiel de pouvoir poser rapidement un diagnostic pour une prise en charge adaptée. Après une consultation chez un généraliste, qui décide d’orienter le patient vers une consultation spécialisée, le diagnostic est réalisé de manière pluridisciplinaire. Il peut se composer d'un examen neurologique, d'une analyse du liquide céphalo-rachidien (LCR) et d'examens d'imagerie cérébrale.

Dans ce cadre, les techniques les plus couramment utilisées sont l'IRM (imagerie par résonance magnétique) et le scanner pour observer des anomalies cérébrales associées à la maladie. Plus précisément, l'IRM permet de regarder l’aspect des structures cérébrales, afin de "mettre en évidence des atrophies de certaines zones du cerveau mais aussi pour s’assurer qu’il n’existait pas d’autres pathologies (AVC, tumeurs)", explique l'association France Alzheimer.

Mais comme celle-ci le précise, "les techniques d’imagerie cérébrale ne permettent pas encore d'observer les lésions cérébrales microscopiques, que l’on ne pourra observer qu’en faisant une biopsie post-mortem". C'est pourquoi des chercheurs de l'Imperial College London recommandent d'utiliser une autre technique d'examen, la tomographie par émission de positons (TEP).

Un examen pour visualiser les protéines bêta-amyloïdes

Cette méthode récente d'imagerie médicale permet de mesurer en trois dimensions une activité métabolique ou moléculaire d’un organe à l'aide d’un produit radioactif injecté au préalable. Elle est notamment utilisée pour diagnostiquer des cancers mais aussi en cardiologie, neurologie et psychiatrie. Mais pour les chercheurs, cette technique est encore trop peu appliquée auprès des personnes qui souffrent de démence.

Dans leur étude publiée dans le Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, ils ont ainsi voulu démontrer son efficacité sur des patients atteints de démence. Ce type de scanner est utilisé pour visualiser des tumeurs et caillots sanguins, mais les scientifiques sont parvenus à l'adapter pour qu'il puisse montrer l'accumulation dans le cerveau de protéines appelées bêta-amyloïdes, une caractéristique de la maladie d'Alzheimer, la forme la plus commune de démence.

Ils ont pour cela utilisé un traceur radioactif conçu pour "coller" cette protéine, afin de donner aux médecins une confirmation visuelle. Cette technique de TEP modifiée, qu'ils ont appelé "Amyloid-PET imaging", a été utilisée auprès de 100 patients atteints de démence qui ont reçu ou non un diagnostic de maladie d'Alzheimer. Ils ont découvert qu'elle avait un impact significatif sur la façon dont les patients étaient pris en charge car elle permettait de rectifier un diagnostic erroné d'Alzheimer.

Une méthode efficace pour confirmer un pré-diagnostic

A l'inverse, elle a confirmé la maladie chez des personnes qui n'avaient pas reçu ce diagnostic parce que leurs caractéristiques cliniques ne correspondaient pas. Plus précisément, les résultats ont montré la présence d'une accumulation de protéines bêta-amyloïdes dans 49 cas et entraîné un changement de diagnostic d'Alzheimer chez 30 patients. Car ces derniers, à l'inverse, ne présentaient pas d'accumulation de cette protéine, ce qui signifie qu'ils pouvaient avoir une autre forme de démence ou un autre problème neurologique.

Cette approche serait particulièrement recommandée pour les patients les plus jeunes avec une démence précoce présumée, et dont les caractéristiques cliniques peuvent ne pas être aussi typiques que chez les patients âgés atteints de la maladie. "De plus, son utilisation a permis de réduire la nécessité d'autres évaluations cliniques plus invasives, comme l'analyse du liquide céphalo-rachidien prélevé dans la colonne vertébrale", expliquent les chercheurs.

L'auteur principal de l'étude, Paresh Malhotra, ajoute: "Notre étude est la première démonstration de la façon dont cet outil peut être utilisé à cette échelle chez les patients hospitalisés." Mais son coût élevé et sa disponibilité limitée rendent irréaliste la possibilité d'en faire un examen standard dès les premiers soupçons de maladie. Ils préconisent ainsi de limiter son recours aux patients dont les médecins ont vraiment besoin de clarifier leur diagnostic, de s'assurer que le bon traitement est administré et pour réduire le nombre de tests de suivi.

Alexandra Bresson