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Santé

Aluminium dans les vaccins: l'ANSM tient à rassurer les patients

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Un compte rendu de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), révélé par Le Parisien, évoque les risques liés à l’aluminium contenu dans la plupart des vaccins. Sans pour autant remettre en cause l'importance des travaux scientifiques étudiés, l'agence tient néanmoins à préciser que le rapport bénéfice/risque des vaccins demeure inchangé.

La présence de sels d’aluminium dans les vaccins constitue-t-elle un danger pour la santé? Depuis plusieurs années, le débat est fréquemment abordé, notamment par les "anti-vaccin". Une crainte liée notamment au fait que le métal s’accumulerait dans le système nerveux central et pourrait être à l’origine d’une maladie rare: la myofasciite à macropages provoquant des douleurs musculaires parfois intenses et des troubles cognitifs importants.

A l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le professeur Romain Gherardi travaille sur ce sujet depuis plusieurs années et son récent essai a fait l'objet d'un avis de la part du conseil scientifique de l'ANSM en mars. Un avis qui n'a pas été rendu public mais qui a été dévoilé la semaine dernière par Le Parisien. Ce dernier n'est pas sans relancer la polémique sur la dangerosité des adjuvants dans les vaccins puisque, bien que mené sur des souris, l'essai du professeur Romain Gherardi indique que l’aluminium pouvait gagner le cerveau et s'y accumuler.

Mais à la suite de cette annonce, l'ANSM a tenu à faire savoir sur son site internet que ces résultats ne modifiaient pas le rapport/bénéfice risque positif des vaccins contenant de l'aluminium. "Aucun signal de sécurité n'a conduit à ce jour à remettre en cause ce rapport, en France et à travers le monde. Ces vaccins sont administrés à des centaines de millions de personnes dans le monde depuis près d’un siècle", indique-t-elle.

Que disent ces travaux scientifiques?

Si l'Agence précise que les résultats de ces travaux ont été discutés par le conseil scientifique en mars 2017, ont été suivis d'un avis du conseil scientifique et ont fait l'objet d'un compte rendu, il n'existe pas de "rapport" à proprement parler sur ces derniers. L’ensemble des documents sur ces travaux ont été transmis à partir de fin août à l’Union nationale des associations agréées d’usagers du système de santé (Unaass) "qui en avait fait la demande", fait-elle savoir.

Mais l'ANSM n'a pas eu d'autre choix que de rendre public sur son site le compte rendu de la séance de mars et l’avis du conseil scientifique après la parution de l'article du Parisien. Le compte rendu de la séance permet ainsi d'en savoir plus sur les travaux menés par l'équipe du professeur Romain Gherardi. Les chercheurs émettent ainsi l'hypothèse que "les adjuvants aluminiques se comporteraient comme des bactéries, et seraient pris en charge de la même manière dans le cadre du processus autophagique".

Il faut comprendre par là que les nanoparticules incriminées sont dégradées par l’autophagie, un mécanisme par lequel les cellules de l'organisme se régénèrent en éliminant des "déchets". Mais il existerait un risque que des personnes développent des pathologies post-vaccinations car ces dernières sont incapables d’éliminer cet adjuvant après vaccination. Les chercheurs ont donc supposé "que cette population présentait des caractéristiques génétiques particulières", indique le document.

Des résultats qui nécessitent un approfondissement

Plus précisément, ces individus naissent sains mais seraient porteurs d'une anomalie génétique qui fait apparaître une prédisposition à la myofasciite à macrophages, à la suite d'une exposition répétée aux adjuvants. "Cependant, si les vaccins sont responsables du développement de la pathologie, ils ne sont pas pathogènes pour autant. En effet, ils n’entraîneront aucune pathologie chez les personnes non prédisposées", précisent les auteurs.

D'autres études doivent être menées sur une grande cohorte de patients pour confirmer ces résultats. C'est aussi la conclusion du conseil scientifique de l'ANSM dans son avis du 8 mars. "L'apport de l'étude aux connaissances sur la sécurité des vaccins semble significatif, sans être encore déterminant. Qu'il s'agisse des résultats sur les effets observés en fonction de la dose d'aluminium ou de ceux sur la susceptibilité génétique, réplications et approfondissements sont nécessaires", affirment les auteurs.

L'Agence précise que cette équipe de recherche a déposé un brevet, ce qui pourrait ouvrir à un financement privé. Or, "il serait contraire à la bonne utilisation de la subvention versée par l’ANSM que de supporter une activité privée lucrative", fait-elle savoir. Il est d'autant plus important de poursuivre des recherches dans ce domaine sans pour autant remettre en cause la sécurité des vaccins à la suite de l'annonce du ministère de la Santé.

La ministre Agnès Buzyn a en effet rendu obligatoires huit vaccins jusqu’alors recommandés pour la petite enfance, en complément des trois vaccins obligatoires, pour le début de l'année 2018. Une décision qui répond à une nécessité d’enrayer certaines maladies infectieuses, comme la rougeole. En pratique, l’extension à 11 vaccins obligatoires représente 10 injections pour les enfants, étalées sur deux ans. Aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé considère qu’il faut que 95% de la population soit vaccinée pour éviter les maladies.

Alexandra Bresson