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Affaire Vincent Lambert: la famille déchirée après la décision de justice

François Lambert devant le CHU de Reims le 16 janvier 2014.

François Lambert devant le CHU de Reims le 16 janvier 2014. - -

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé jeudi contre la décision d'euthanasie passive prise par les médecins de Vincent Lambert. Par médias interposés, les membres de la famille du tétraplégique en état de conscience minimale ont exprimé des positions radicalement différentes sur cette décision de justice.

Une famille au cœur d'un vrai débat de société. Vincent Lambert est un tétraplégique en état de conscience minimale. Le corps médical en accord avec sa femme et une partie de la famille avait opté pour une euthanasie passive mais les parents du patient se sont opposés à cette décision. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne leur a donné raison ce jeudi. Le neveu de Vincent Lambert et l'avocat des parents se sont exprimés sur BFMTV peu après la décision de justice.

François Lambert, neveu de Vincent Lambert, s'est montré très remonté et déçu. Selon lui, la décision concernant son oncle exclut de fait les "pauci-relationnels" de la loi Leonetti. "Jean Leonetti a dit lui-même que dans sa loi les pauci-relationnels étaient inclus. C'est bizarre de donner raison à des arguments qui ne sont pas très juridiquement viables", déplore-t-il.

"On la traite d'assassin"

François Lambert a fait part de son intention de se joindre à l'épouse du patient pour contester cette décision, selon lui absurde, devant le Conseil d'Etat. "Il faut faire une enquête pour savoir ce que le patient avait dit avant, mais les juges considèrent que ses déclarations avait été faites en tant que valide. Le problème c'est que lorsqu'on est dans le coma on ne peut pas donner son opinion", déplore-t-il.

Il a aussi indiqué que la femme de Vincent Lambert subissait de fortes pressions. "Elle est sur le fil du rasoir depuis des mois. Il y a des gens qui l'insultent et la traitent d'assassin", rapport François Lambert. La décision de justice ne peut qu'empirer les choses et relève pour lui du "sadisme" "pour faire durer les choses".

"L'obstination déraisonnable"

De leur côté, les parents de Vincent Lambert ont exprimé leur soulagement à travers la voix de leur avocat, Jérôme Triomphe, qui s'est félicité de cette décision. Il a rappelé que "le doute doit profiter à celui qui risque sa vie". Selon son analyse, le tribunal juge que "les personnes valides ont les mêmes droits que les personnes handicapées. Et [qu']on n'a pas le droit, parce qu'une personne est handicapée, de s'en débarrasser."

Jérôme Triomphe a ensuite détaillé sa position sur la partie juridique de cette affaire. "Je considère pour ma part que la Loi Leonetti ne s'appliquait pas dans cette affaire, dans le sens où Vincent Lambert n'est pas en fin de vie, il n'est pas atteint d'une maladie grave et incurable et il n'est pas handicapé. Le tribunal a finalement dit une chose extrêmement simple: la Loi Leonetti pose le principe de la condamnation de l'acharnement thérapeutique qu'on appelle l'obstination déraisonnable", a expliqué l'avocat. Ce cas soulève la difficile interprétation des textes sur un sujet extrêmement délicat.

Elise Maillard