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Santé

Accusations d'un ex-chef de service: le CHU de Besançon porte plainte

Le professeur Philippe Humbert, ancien chef du service de dermatologie au CHU de Besançon

Le professeur Philippe Humbert, ancien chef du service de dermatologie au CHU de Besançon - BFMTV

La direction du CHU de Besançon a annoncé ce vendredi qu'elle portait plainte contre Philippe Humbert, ancien chef du service de dermatologie, qui accuse l'hôpital de "graves fautes médicales".

Le CHU de Besançon a décidé d'attaquer. La direction du centre hospitalier universitaire, mis en cause par l'un de ses anciens médecins, a porté plainte pour diffamation, a-t-elle indiqué lors d'une conférence de presse ce vendredi, rapporte France bleu Besançon. "Il n'y a pas eu de pratiques non conformes ou de chimiothérapies abusives", a assuré Chantal Carroger, la directrice de l'hôpital.

"Cet établissement ne mérite pas qu'on le traîne dans la boue, il est digne de la confiance des patients. Maintenant, ça suffit. Il n'y a pas eu de pratiques non conformes ou de chimiothérapies abusives."

Des recours non justifiés à la chimiothérapie

Le professeur Philippe Humbert, ancien chef du service de dermatologie du CHU de Besançon, a dénoncé des pratiques douteuses et de "graves fautes médicales" au sein du service qu'il a dirigé pendant vingt-deux ans. Estimant que l'on avait "délibérément menti aux patients". Et a rapporté un incident:

"Une jeune fille de 14 ans n'a plus de cheveux, c'est une maladie. On lui dit: 'Tu es très jolie comme ça. Ça ne repoussera pas. Ce n'est pas la peine de revenir.' Cette jeune fille est aujourd'hui architecte, elle a des cheveux magnifiques. Il y avait une prise en charge tout à fait possible", s'est insurgé Philippe Humbert. 

Le praticien a affirmé avoir reçu des dizaines de plaintes de patients pris en charge entre 2014 et 2016, expliquant que ce sont elles qui l'avaient poussé à démissionner. Plus grave encore, il a dénoncé des recours non justifiés à la chimiothérapie.

"On privilégie la chimiothérapie plutôt que la chirurgie. Mais également, on a pu vérifier que des chimiothérapies avaient été conduites au-delà des autorisations. La sécurité sociale a certainement versé beaucoup d'argent à l'hôpital pour ces chimiothérapies qui n'étaient pas justifiées."

L'hôpital avait vivement démenti les accusations qualifiées de "mensongères", indiquant n'avoir reçu "aucune plainte de patients".

"Face à ces mises en cause très violentes et inquiétantes pour les patients, le CHU souhaite, sans la moindre ambiguïté, les rassurer sur la qualité de la prise en charge par l’équipe du service de dermatologie", avait assuré le centre hospitalier dans un communiqué

Des "défauts dans l'organisation des réunions"

Mercredi, l'Agence régionale de santé a rendu ses conclusions. Et a assuré dans un rapport qu'il n'y avait pas eu de faits "pouvant justifier la gravité des accusations", considérées comme "infondées". Mais a relevé des "défauts dans l'organisation et le fonctionnement des réunions de concertation pluridisciplinaires".

Des conclusions que Philippe Humbert a jugées irrecevables. "Ce qu'ils oublient de dire, c'est que depuis ma démission de chef de service, d'autres erreurs sous l'égide d'un autre chef de service on été été soulevés, a-t-il confié à la radio régionale. Des dossiers d'erreurs médicales, d'erreur de diagnostic qui ont pu mettre en jeu la santé des malades puisque l'agence reconnaît qu'il y a eu des préjudices."

Il a indiqué qu'il tiendrait lundi une conférence de presse, "preuves à l'appui", a-t-il précisé à L'Express.

Céline Hussonnois-Alaya