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Abattoir de Soule: nouvelle vidéo d’actes de cruauté envers les animaux

Après l’abattoir municipal d’Alès et l’abattoir bio du Vigan, c’est désormais celui de Mauléon-Licharre – une petite commune du département des Pyrénées-Atlantiques – qui se retrouve dans la tourmente. L'Association L214 a mis en ligne ce mardi 29 mars une vidéo dénonçant les pratiques employées par le personnel de l’abattoir de Soule.

Encore un scandale dans un abattoir français, spécialisé dans la viande certifiée bio et Label Rouge. Une vidéo – récemment filmée en caméra cachée au sein de l’établissement du Pays de Soule – a été mise en ligne ce mardi 29 mars sur la chaîne YouTube de l'association L214 puis supprimée. 

Les images révèlent que des techniques d’abattage illégales – notamment sur des agneaux de lait pas encore sevrés – y ont eu lieu juste avant Pâques. Entre autres, certains animaux seraient conscients lors de la saignée ou encore vivants lors de la découpe des membres inférieurs et supérieurs.

Les deux vidéos publiées sur le site internet de l'association L214 sont particulièrement choquantes, y compris pour le directeur de l'abattoir. Interviewé par le quotidien Le Monde, Gérard Clémente se dit profondément offensé.

"Je suis très souvent dans mon abattoir, j’ai essayé d’améliorer les conditions d’abattage depuis des années, et là, on tourne le dos, et des employés frappent les bêtes," a-t-il expliqué.

"Des scènes de souffrance animale sévère"

Selon Sébastien Arsac, porte-parole de L214, les images ont été tournées "sur une semaine" en caméra cachée, "environ deux semaines avant Pâques", période d'activité intensive dans les abattoirs.

Pour L214, ces vidéos "montrent de multiples infractions aux règles de protection animale et des scènes de souffrance animale sévère, ainsi que de graves manquements et violences de la part du personnel de l'abattoir."

L'association annonce qu'elle va porter plainte mardi après-midi auprès du procureur de la République de Pau pour "maltraitances, sévices graves et actes de cruauté". Interviewée par BFMTV, Brigitte Gothière, également porte-parole de l'association L214, explique que le groupe de protection animale compte aussi "soulever la responsabilité des services vétérinaires (...) dans ce type d'affaire". 

L'abattoir fermé jusqu'à nouvel ordre

Le maire de Mauléon Michel Etchebest a annoncé dans un communiqué prononcer "la fermeture de l'abattoir pour une durée indéterminée, à titre conservatoire" afin qu'une enquête puisse faire la lumière sur ces pratiques. Il demande en outre à la direction de l'abattoir, qui emploie 37 personnes dont 13 abatteurs, "de prendre sur-le-champ toutes les mesures et sanctions adéquates envers les auteurs de ces actes, sans préjuger des sanctions ou mesures plus importantes à venir".

"J'ai la mise à pied déjà prête pour les deux concernés", a assuré le directeur, "mais au-delà des mesures qu'on va prendre, c'est une tâche indélébile, pour l'abattoir, pour tout le monde", s'est-il désolé, rappelant que l'abattoir avait de longue date investi dans des anesthésieurs électriques, travaille beaucoup avec des éleveurs bios, des petits producteurs, du circuit court.

Il s’agit du troisième cas de ce type en l’espace de quelques mois. Au mois d’octobre, une vidéo choc filmée au sein de l’abattoir municipal d’Alès avait suscité l’indignation générale. En février 2016, l’association L214 avait par ailleurs diffusé des images qui dénonçait les pratiques utilisées par un abattoir du Vigan (Gard), également spécialisé dans la viande bio. 

Les associations de protection animale demandent donc une réponse ferme de la part du gouvernement. En début d’après-midi, le Ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a ainsi ordonné aux préfets de procéder à des inspections dans tous les abattoirs de France d'ici un mois.

Priscilla Peyrot avec AFP