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Santé

A l’hôpital pour un mal de ventre, elle ressort avec un bébé

« Les femmes victimes d’un déni de grossesse veulent et ne veulent pas un enfant, en même temps », explique le docteur Félix Navarro.

« Les femmes victimes d’un déni de grossesse veulent et ne veulent pas un enfant, en même temps », explique le docteur Félix Navarro. - -

Arrivée mercredi dernier à l’hôpital pour des maux de ventre, une jeune Bourguignonne a finalement accouché de son troisième garçon. « Un bébé-surprise », raconte la maman, qui selon un spécialiste, est « victime d’une pathologie pas si rare : le déni de grossesse ».

Romain est né il y a 5 jours à la maternité d'Autun, en Saône-et-Loire. Sandrine et Franck Pradaux, les heureux parents, n’en reviennent toujours pas. Evidemment, poussette, biberons... rien n'était prêt pour ce "bébé surprise".

« Pas de nausées, des règles normales… »

Il est 3 heures du matin et Sandrine a très mal au ventre. Direction les urgences avec Franck, son mari. Après des examens, le verdict tombe : elle est enceinte de 9 mois et va accoucher dans la matinée : « J’ai jamais eu de nausées, j’ai toujours eu mes règles, comme si je n’étais pas enceinte ». Sandrine a fait un déni de grossesse : son ventre ne s’est même pas arrondi lorsqu’elle attendait Romain : « Personne n’avait rien vu, mes collègues, mes parents, mes beaux-parents. C’est un petit cadeau-surprise. Mon grand garçon m’a dit : c’est un petit œuf de Pâques ! ».
Et après la surprise, pour Franck, le papa, c’est un peu la panique : « J’ai demandé à mon beau-frère, dont la femme a accouché il y a 3 semaines, qu’il me prête 3 pyjamas et 3 bodys pour commencer. Il faut faire une petite place pour mettre le lit du bébé ; c’est un peu le bordel à la maison », conclut-il en riant.
Le petit Romain est en pleine forme, il devrait quitter la maternité dès ce lundi.

« Elle n’est ni folle ni menteuse… »

« Cette dame n’est pas folle, explique le docteur Félix Navarro : c’est pas une menteuse, elle n’a pas caché son jeu, elle est victime d’une pathologie qui s’appelle le déni de grossesse. On a des explications de type psychologique, psychanalytique, mais ce sont des hypothèses. On considère que ces femmes veulent et ne veulent pas un enfant en même temps. L’autre hypothèse c’est que la grossesse représente pour elles un danger psychique, pour des raisons qu’elles-mêmes ne connaissent pas, et que donc elles se la cachent à elles-mêmes. Tout ça est totalement inconscient ».

« 1 grossesse sur 500 est un déni partiel »

Un phénomène que Félix Navarro, président de l'association française de reconnaissance du déni de grossesse, connaît bien : « Des cas comme ça, j’en connais des dizaines, pour ne pas dire des centaines. On sait qu’une grossesse sur 500 est un déni de grossesse partiel : la dame va se rendre compte qu’elle est enceinte au-delà de 3 mois. Et une grossesse sur 2500 est un déni total : les 9 fois de la grossesse sont couverts par le déni et la personne va arriver à l’hôpital ou dans la rue ou chez elle, et accoucher sans savoir qu’elle était enceinte ».