BFMTV
Santé

"À aucun moment je n'ai pu me rendre à son chevet": une mère témoigne après la mort de son fils de 33 ans du Covid-19

Vincent, un jeune homme de 33 ans, est mort des suites du Covid-19 le 10 avril 2020 au CHU Lapeyronie à Montpellier. Régine Mestre Anthime, sa mère, a raconté, ce mardi soir, sur BFMTV, cette difficile période où elle n'a pu se rendre "à aucun moment" à son chevet.

"Sur le moment, on n'y croit pas." Régine Mestre Anthime a perdu il y a un an, le 10 avril 2020, son fils Vincent, âgé de 33 ans, des suites du Covid-19. Sur BFMTV, elle est revenue sur ce douloureux événement, révélant n'avoir pu lui rendre aucune visite à l'hôpital.

Le trentenaire a été hospitalisé le 20 mars 2020 au CHU Lapeyronie à Montpellier pour des problèmes cardiaques. Cinq jours après, il a été testé positif au Covid-19, ayant probablement contracté la maladie à l'intérieur de l'hôpital.

"Mon fils a d'abord été hospitalisé au service des urgences, avant d'être transféré aux soins intensifs. Quelques jours après, il a été envoyé en réanimation, en raison d'un arrêt cardiaque. J'avais été informée que son état s'était fortement dégradé juste avant sa mort, le 10 avril, à 17h, par un coup de téléphone du médecin en service. Il m'avait annoncé qu'il allait probablement mourir dans la soirée ou dans la nuit. Il est mort à 23h45", a-t-elle raconté sur notre antenne.

Son fils, qui était dans un coma artificiel très profond, "n'a probablement pas senti que sa fin approchait", a-t-elle ajouté.

Aucune visite autorisée

Régine Mestre Anthime n'a pu à aucun moment se rendre à son chevet, malgré ses nombreuses demandes. "Du jour de son hospitalisation à celui de sa mort, je n'ai pas pu le voir", a-t-elle expliqué.

"Nous n'avons pu le voir à aucun moment, ni moi, ni aucun membre de la famille. Les communications au téléphone étaient très compliquées. C'était très difficile d'avoir des médecins au téléphone, d'avoir connaissance de l'évolution de son état de santé, parce qu'ils étaient pressés. On comprend très bien. Ils se trouvaient sous la pression de l'épidémie qui leur tombait dessus. Mais, en tant que famille, on avait besoin de savoir dans quel état était notre proche. Les communications que l'on avait se résumaient à quelques minutes, une seule fois par jour, et une seule personne. Donc ça faisait très peu d'informations, ce qui amplifiait l'inquiétude", s'est-elle souvenue.

Son fils a été transféré le 10 avril à la morgue du CHU. Il a été mis en bière six jours après à l'hôpital par le service des pompes funèbres venu le chercher sur place. Régine Mestre Anthime n'a pas pu se recueillir auprès de lui. Elle n'a pas non plus pu avoir une dernière photo de Vincent.

"Avant sa mise en bière, j'ai demandé à ce qu'on prenne une dernière photo et ça m'a été refusé. On m'a dit que c'était interdit en raison du règlement. Un règlement qu'on découvre à ce moment-là. Un règlement cruel", a-t-elle souligné.

Une journée d'hommage

Un an après, Régine Mestre Anthime indique ne pas être en colère. "Je suis un peu désabusée. J'essaie de faire entendre ma voix pour que cela n'arrive pas à d'autres personnes et pour que ces règles soient assouplies", a-t-elle expliqué.

Dans son malheur, elle a souligné avoir "reçu de l'humanité de la part de certains soignants". Lors de l'anniversaire de Vincent, qu'il avait fêté le 29 mars à l'hôpital, les infirmières qui le suivaient ce jour-là lui avaient préparé un gâteau. Sa mère voit ça comme "un petit signe d'amitié."

Avec d'autres personnes qui ont perdu des proches en raison du Covid-19, Régine Mestre Anthime souhaite qu'une journée d'hommage soit rendue "à tous ces gens qui sont partis si brutalement de cette maladie". Elle permettrait également d'être "un soutien pour toutes les familles endeuillées."

"C'est difficile pour le gouvernement d'avoir de l'humanité pour nous tous. Mais je pense que cette journée de commémoration et de soutien envers les familles ferait montre de cette compassion que nous méritons tous envers cette épreuve", a-t-elle estimé.
Clément Boutin Journaliste BFMTV