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Santé

A 68 ans, il tue sa mère atteinte d’Alzheimer

Selon France Alzheimer, quelque 800.000 personnes sont touchées en France par cette affection, mais seulement la moitié ont été dépistées. 225.000 nouveaux cas sont détectés chaque année.

Selon France Alzheimer, quelque 800.000 personnes sont touchées en France par cette affection, mais seulement la moitié ont été dépistées. 225.000 nouveaux cas sont détectés chaque année. - -

Garde à vue prolongée pour le fils, âgé de 68 ans, soupçonné d’avoir tué sa mère de 91 ans, malade d'Alzheimer. Le suspect a reconnu avoir frappé sa mère ne supportant plus ses cris incessants. Geneviève, dont les deux parents sont atteints par la maladie, témoigne aussi sur RMC.

La vieille dame était malade d'Alzheimer depuis presque un an. Le corps a été découvert mercredi matin au domicile de Viroflay dans les Yvelines, où vivaient la mère et son fils. L'alerte a été donnée par le fils. Le parquet de Versailles devrait ouvrir une information judiciaire pour "meurtre par ascendant." Les policiers avaient constaté que le visage de la retraitée présentait de nombreuses ecchymoses. Des traces autour du cou de la vieille dame ont été également constatées. L'homme s'occupait seul de sa mère.

225.000 nouveaux cas chaque année

Selon France Alzheimer, quelque 800.000 personnes sont touchées en France par cette affection, mais seulement la moitié ont été dépistées. 225.000 nouveaux cas sont détectés chaque année. 70% des personnes âgées atteintes par la maladie d'Alzheimer vivent à leur domicile.

« Certains malades ne s'expriment que par des cris »

Arlette Meyrieu est présidente de l'association départementale Savoie de France Alzheimer et l'ancienne présidente nationale de France Alzheimer. Pour elle, cette affaire est bouleversante, ce geste est extrême mais « malheureusement on ne peut pas être surpris parce qu'on connait l'épuisement de certains aidants. Parce que s'occuper d'un malade d'Alzheimer c'est un accompagnement difficile et parfois à la limite du supportable. On a régulièrement des gestes désespérés, le plus souvent de conjoint âgés. Les troubles du comportement ça peut être tout simplement la répétition à longueur de journée - qu'est-ce qu'on va manger à midi et puis on vient de répondre et on repose la même question, dix fois, vingt fois, trente fois. Ça peut être des crises. Imaginez vivre à longueur de journée avec une personne qui ne s'exprime que par des cris. C'est un fardeau ».

« Il n'était pas conscient quand il a fait ça »

Geneviève Humbert, connait bien la maladie, ses deux parents sont atteints d'Alzheimer, sa mère depuis 9 ans et son père depuis 4 ans. Ils sont tous les deux en maison de retraite spécialisée. Son père est au début de la maladie. Sa mère, elle, est en phase terminale, elle ne reconnait plus sa fille depuis longtemps. Geneviève, si évidemment n'approuve pas un tel geste, dit le « comprendre tout à fait. Et je serais procureur, excusez-moi, mais je l'acquitterais. Un moment on perd la relation, l'affectif si vous voulez. L'affectif ne passe plus. Pourquoi ? Parce qu'on a en face de soi un malade, quelqu'un qu'on ne reconnait pas. Il faut vraiment le vivre. Alors, c'est vrai qu'on ne peut pas encourager le crime, mais bon, il n'était pas conscient quand il a fait ça. Il était à bout, épuisé. Attendez, ça se conçoit tout à fait ».

« Pire que des légumes, des petits animaux agressifs, sales, grossiers »

Un autre aspect difficile de la maladie concerne l'entourage du malade. Geneviève Humbert confirme : « Voir ses parents devenir comme des petits animaux, agressifs, revenir à l'état sale, grossier. Ils sont pires que des légumes. Vous vous dites : "ce n'est plus ma mère c'est quoi" ? Mon père qui est un peu moins avancé (dans la maladie - NDLR), il radote tout le temps. Il y a des fois ou je me dis ce n'est plus possible, on ne supporte plus. C'est une petite mort avant la date officielle. Et c'est vrai, je pense que tous les aidants, s'ils sont honnêtes vous diront : "on aura un moment de soulagement, on dira "ouf" quand ils seront morts" ».

Tous les malades ne sont pas agressifs, ni ne crient.
Pour plus d'information vous pouvez joindre France Alzheimer au 08 11 112 112 ou consulter le site www.francealzheimer.org

La Rédaction, avec E. Valès et I. du Jonchay