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Santé

30 ans sans médicaments ou comment devenir "auteur de sa santé"

Pilule rouge ou bleue? Pour André Giordan, mieux vaut si possible éviter l'une et l'autre.

Pilule rouge ou bleue? Pour André Giordan, mieux vaut si possible éviter l'une et l'autre. - Sarah flagg - flickr - CC

Remettre à l'heure sa pendule biologique, apprendre comment elle tourne et comprendre pourquoi elle peut parfois se dérégler... Le livre 30 ans sans médicaments, retrace le parcours de vie d'André Giordan, physiologiste. Le scientifique nous incite à comprendre notre corps en suivant la voie d'un juste équilibre entre le "plaisir" et "l'effort".

"Bouger plus, préserver son sommeil, mieux manger, écouter son corps, s'organiser une vie sexuelle épanouie, profiter du soleil mais pas trop…" Lorsque l'on feuillette son livre 30 ans sans médicaments (éd. JC Lattès), on a parfois l'impression qu'André Giordan enfonce des portes ouvertes. "Je rappelle les fondamentaux", plaide-t-il, affichant sa maîtrise parfaite de la communication non défensive. Le physiologiste est professeur à l'université de Genève et... attaché au régime crétois et à la salade niçoise "plat très équilibré" de chez lui. 

Le livre, somme parfois déroutante dans sa forme de conseils pratiques et de retours d'expérience aux visées prophylactiques, sort ce mercredi. L'auteur y prodigue ses conseils. Y compris, pour ne pas dire surtout, dans la sphère de l'intime.

Au détour d'un chapitre, il vante les mérites du libertinage et, joint au téléphone, précise qu'il "parle devant sa femme". Ces 250 pages beaucoup plus denses qu'elles n'y paraissent au premier abord pourraient, pour paraphraser Woody Allen, se trouver un autre titre: Tout ce que vous voulez savoir sur la santé (sans jamais oser le demander). Les vertus nutritives de la semence masculine sont d'ailleurs abordées, ainsi que l'utilité, voire la beauté intrinsèque du poil qu'une mode tend à chasser. Mais réduire ce traité curieusement incarné à la gaudriole serait à la fois insincère et biaisé.

Les médicaments réservés aux maladies graves

Prosélyte, mais pas gourou, André Giordan a fait du "soin de soi" son credo. Sa démarche tient à la fois du "plaisir", autrement dit de l'écoute de son corps, de ses besoins, mais aussi de "l'effort", c’est-à-dire de l'exercice, de la lutte contre ses addictions.

Une "addiction" bien française dénoncée dans l'ouvrage est celle de la surconsommation de médicaments. Une liste des produits à proscrire est d'ailleurs dressée par l'auteur. Pour lui, les médicaments n'incarnent pas le grand Satan mais ils sont simplement à réserver aux maladies graves. Ils ne doivent certainement pas être pris pour "les bobos de tous les jours". D'autant que pour beaucoup, les bénéfices ne valent manifestement pas de courir le risque, comme a pu le montrer un autre livre dont nous avions parlé en avril dernier. Sans parler des dangers des interactions entre les principes actifs qui les composent. 

Le médecin n'est pas un "sauveur"

A coup d'études scientifiques dont l'agrégé de biologie truffe les notes de bas de page, de statistiques parfois désespérantes et en ajoutant une bonne dose de vécu, André Giordan défend sa thèse qu'il veut pluridisciplinaire. Il explique par exemple comment avec de l'entraînement les diabétiques (et tout un chacun) peuvent avoir une "perception du taux de sucre dans leurs sang".

Par-delà ce qui relèvera des truismes pour la personne sensibilisée aux thématiques santé et bien-être, 30 ans sans médicaments a le mérite de rappeler que les connaissances médicales ne sont pas gravées dans le marbre, que notre ignorance de nombreux mécanismes reste grande, que le médecin n'est pas notre "sauveur" et que le corps possède un pouvoir d'autoguérison stupéfiant. Il appartient à chacun de devenir "l'auteur de sa santé" défend André Giordan, de trouver ce qui lui permet d'aller mieux. Si possible en évitant les nombreux pièges dont ce récit dresse le tableau.