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Rennes

Algues vertes: l'État pas considéré comme responsable de la mort d'un joggeur

Photo d'algues vertes échouées sur la plage de Plouha réalisée le 06 mai 2011.

Photo d'algues vertes échouées sur la plage de Plouha réalisée le 06 mai 2011. - DAMIEN MEYER

L'insuffisance respiratoire brutale de l'homme, qui a entrainé sa mort, "aurait pu être due à une exposition aux algues vertes ou à un arrêt cardiaque", a déclaré le rapporteur.

Le rapporteur public a conclu au rejet des demandes d'indemnisation de la famille d'un joggeur mort en septembre 2016 dans une vasière envahie d'algues vertes à l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor) jeudi matin au tribunal administratif de Rennes.

S'il a dénoncé la "carence de l'État" dans la prolifération des algues vertes en Bretagne, le "lien de causalité" entre la présence des algues et le décès du joggeur "ne peut être établi, et il en va de même pour la responsabilité de l'État", a estimé le rapporteur Dominique Remy.

"M. Auffray est décédé d'une insuffisance respiratoire brutale qui aurait pu être due à une exposition aux algues vertes ou à un arrêt cardiaque", a-t-il déclaré, faisant courir un murmure dans la salle comble, où figuraient la veuve et les enfants de la victime.

Le sulfure d'hydrogène, un gaz qui peut être mortel

Âgé de 50 ans et adepte du trail, Jean-René Auffray avait été retrouvé mort à Hillion le 8 septembre 2016, dans la vase de l'estuaire du Gouessant, qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc et où il s'était vraisemblablement aventuré pour secourir son chien.

En apprenant le lieu du décès, fréquemment sujet aux marées vertes, des associations s'étaient immédiatement interrogées sur le lien avec les algues vertes, qui, en se décomposant, émettent du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz qui peut-être mortel en cas d'exposition à forte dose.

Deux semaines après les faits, le parquet de Saint-Brieuc avait ordonné l'exhumation du corps du joggeur pour pratiquer une autopsie et des analyses toxicologiques. Effectuées trop tardivement, celles-ci n'avaient cependant pas permis de déterminer clairement les causes de la mort, et l'enquête avait été classée sans suite en avril 2017.

Le délibéré d'ici un mois

La famille de la victime avait saisi la justice administrative en juillet 2019 pour demander réparation auprès de la commune d'Hillion, de l'agglomération de Saint-Brieuc et de l'État, réclamant près de 600.000 euros d'indemnisation des préjudices subis.

Me François Lafforgue, avocat de la famille, a regretté les conclusions "un peu sommaires" du rapporteur public. "Le rapport d'autopsie ne fait état d'aucune autre cause possible du décès", a-t-il souligné, ajoutant que la présence d'H2S était "avérée sur le site" grâce à des "mesures faites par des associations."

"Les collectivités n'ont aucun rôle dans cette affaire, vu les compétences qui sont les (leurs)" a déclaré leur avocat, Me Gaël Collet, reprenant les conclusions du rapporteur.

Le jugement a été mis en délibéré au plus tard dans un mois.

S. V. avec AFP