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Villepin veut rendre son "indépendance" à une France "fatiguée"

Dominique de Villepin a appelé samedi les militants de son mouvement à lancer "la bataille du projet" pour rendre son "indépendance" à la France en promettant qu'il serait "aux avant-postes du combat de 2012", l'année des élections présidentielle et légis

Dominique de Villepin a appelé samedi les militants de son mouvement à lancer "la bataille du projet" pour rendre son "indépendance" à la France en promettant qu'il serait "aux avant-postes du combat de 2012", l'année des élections présidentielle et légis - -

PARIS (Reuters) - Dominique de Villepin a appelé samedi les militants de son mouvement à lancer "la bataille du projet" pour rendre son...

PARIS (Reuters) - Dominique de Villepin a appelé samedi les militants de son mouvement à lancer "la bataille du projet" pour rendre son "indépendance" à la France en promettant qu'il serait "aux avant-postes du combat de 2012", l'année des élections présidentielle et législatives.

L'ex-Premier ministre de Jacques Chirac a plaidé pour un "sursaut" en disant souhaiter réconcilier les Français entre eux et avec le monde.

Sans évoquer directement une candidature possible à l'Elysée dans 18 mois, il a esquissé un début de programme en disant souhaiter entre autres imposer l'emploi de jeunes aux entreprises, renforcer l'indépendance des pouvoirs et inscrire l'équilibre budgétaire dans la Constitution.

"Nous serons aux avant-postes du combat de 2012", a-t-il promis dans un discours en clôture du conseil national de République solidaire, le mouvement qu'il a lancé il y a un peu moins de six mois.

République solidaire revendique un peu plus de 20.000 militants.

"Il y a une dépression française", a constaté Dominique de Villepin en déplorant successivement que "la France souffre", que "la France a peur", que "la France est fatiguée" et que "la France, enfin, se referme sur elle-même".

L'EURO, UNE BOUÉE, PAS UN BOULET

L'ancien ministre des Affaires étrangères a explicitement critiqué la politique menée par Nicolas Sarkozy.

"Quand nous nous alignons économiquement avec l'Allemagne, militairement avec la Grande-Bretagne et stratégiquement avec les Etats-Unis, qu'en est-il de notre indépendance ?", a-t-il dit.

Il a plaidé pour "une défense indépendante à l'heure où l'Otan veut tous nous mettre sous le même parapluie nucléaire, avec les Etats-Unis conservant la main sur les leviers".

Dénonçant les banques qui spéculent contre les Etats après avoir été sauvés par l'argent public, il a déploré la situation actuelle de l'Union européenne et de la zone euro.

"L'euro était notre bouée. L'euro ne doit pas devenir notre boulet", a-t-il résumé. "L'euro trop fort - nous le vivons au quotidien dans notre pays - ce sont des usines qui ferment, ce sont des emplois qui partent."

Il a plaidé pour la formation d'"un groupe d'Etats refondateurs capables de remettre en mouvement aujourd'hui une Europe inerte et qui a besoin d'un nouveau cap".

"Nous voulons une Europe assumée et non subie grâce à un moteur franco-allemand ouvert et volontaire", a-t-il précisé.

Sur le plan intérieur, il a appelé ses militants à soutenir "l'indépendance des pouvoirs, mais également des contre-pouvoirs", à commencer par la justice et les médias.

L'ex-secrétaire général de l'Elysée doit être jugé en mai prochain en appel dans l'affaire des faux listings Clearstream et il a été interrogé récemment par le juge Van Ruymbeke dans le dossier de l'attentat anti-français de Karachi.

CONTRE UNE FRANCE "MUSÉE DU MONDE"

Il a défendu une politique de réindustrialisation et d'innovation, condition nécessaire selon lui pour permettre à l'économie française "de maintenir sa diversité et sa spécificité", en s'appuyant notamment sur les PME.

"Où sera notre indépendance économique si nous devenons demain le musée du monde, un réservoir de services haut de gamme pour touristes mondiaux ?", s'est-il interrogé.

Dans un registre plus social, il a défendu l'idée d'un prêt à taux zéro permettant aux jeunes de financer leurs études et remboursable sur les revenus futurs, celle d'une voiture à bas prix pour les plus bas revenus, ou encore l'ouverture du crédit impôt recherche à l'innovation sociale.

Présentant République solidaire comme un mouvement "au-dessus des partis", il a assuré refuser "de faire le jeu des catégories, des clans des clientèles et des communautés."

"La gauche a raison de dire que nous souffrons d'un lien social qui se défait mais elle a tort de croire qu'il suffit de dépenser plus pour que tout aille mieux", a-t-il expliqué.

"La droite a raison de dire que nous avons besoin de libérer des énergies et des initiatives mais elle a tort quand elle accepte que la liberté soit le droit du plus fort d'écraser le plus faible."

Plusieurs sondages d'opinion publiées ces dernières semaines ont crédité Dominique de Villepin de 5% à 7% d'intentions de vote dans l'hypothèse d'une candidature au premier tour de la présidentielle.

"Je ne change pas de convictions au gré des circonstances. Je ne change pas de valeurs, même si nous sommes dans une situation, nous le savons, où les girouettes n'ont jamais tourné aussi vite", a-t-il assuré dans une allusion à peine voilée à Marie-Anne Montchamp, son ex-porte-parole entrée le mois dernier au gouvernement à l'occasion du remaniement.

"Pardonnons-leur, c'est sans doute à cause du vent", a ironisé Dominique de Villepin avant de conclure: "Il va nous falloir du sang-froid, beaucoup de sang-froid."

Marc Angrand, édité par Jean-Loup Fiévet