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Villepin encore entendu comme témoin dans l'affaire Karachi

L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est arrivé lundi au tribunal de Paris pour une deuxième audition comme témoin par les juges enquêtant sur une possible affaire de corruption en marge de contrats d'armement et de la présidentielle de 1995. /

L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est arrivé lundi au tribunal de Paris pour une deuxième audition comme témoin par les juges enquêtant sur une possible affaire de corruption en marge de contrats d'armement et de la présidentielle de 1995. / - -

PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est arrivé lundi au tribunal de Paris pour une deuxième audition comme témoin par...

PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est arrivé lundi au tribunal de Paris pour une deuxième audition comme témoin par les juges enquêtant sur une possible affaire de corruption en marge de contrats d'armement et de la présidentielle de 1995.

Il est arrivé en voiture et en évitant les journalistes au pôle financier, avant de se présenter dans le bureau des juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, a constaté un photographe de Reuters.

Cette affaire menace la majorité à moins de quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle à laquelle Dominique de Villepin a décidé de se présenter. Il se positionne contre Nicolas Sarkozy, auquel l'oppose un contentieux personnel, notamment depuis les deux procès de l'affaire Clearstream.

Les magistrats sont sur la piste d'un possible détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates à l'Arabie saoudite (200 millions d'euros) dans les années 1990, au possible profit du camp d'Edouard Balladur, puis à l'éventuel profit de celui de Jacques Chirac.

L'enquête portait initialement sur une possible utilisation de l'argent des contrats pour le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole en 1995, mais de nouveaux faits apparus récemment dans le dossier ont ouvert une piste sur des réseaux proches de l'ancien président Jacques Chirac.

Un lien est envisagé entre la corruption éventuelle sur les sous-marins et l'attentat de Karachi de mai 2002 qui tua onze Français travaillant sur les sous-marins.

Dominique de Villepin, ancien secrétaire général de l'Elysée (1995-2002) et ex-Premier ministre (2005-2007) a déjà été interrogé par les magistrats fin 2010. A l'époque, il avait expliqué que le versement des commissions en marge des marchés d'armement avait été interrompu sur ordre de Jacques Chirac après son élection en 1995, en raison des soupçons portant sur Edouard Balladur.

Villepin faisait état alors d'une volonté de "moralisation" de la vie publique de Jacques Chirac, élément qu'il a répété dimanche sur Canal+.

Des éléments nouveaux apparus récemment laissent penser que le récit de Dominique de Villepin sur l'arrêt des paiements et la "moralisation" des réseaux pourrait être faux et que l'argent pourrait avoir en fait été dérivé vers de supposés "réseaux Chirac" après l'accession du maire de Paris à l'Elysée.

Le parquet a accepté d'étendre l'enquête à ces faits dernièrement. Dominique de Villepin s'est refusé dimanche à dire si, selon lui, Nicolas Sarkozy était au courant des versements frauduleux.

"C'est aux juges de le dire, il y a un certain nombre de ses proches qui sont aujourd'hui mis en cause, ce n'est pas à moi de dire ces choses-là, c'est à la justice française", a-t-il dit.

Deux proches de Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire - ex-directeur de campagne d'Edouard Balladur - et Thierry Gaubert sont déjà mis en examen dans ce dossier, ainsi que Ziad Takieddine, intermédiaire dans les deux contrats. Un premier élu, l'ancien ministre UMP Renaud Donnedieu de Vabres, a été mis en examen aussi mi-décembre.

Le nom de Nicolas Sarkozy figure en procédure dans un rapport de police luxembourgeois relatif à la création de structures "offshore" au Luxembourg ayant accueilli l'argent pouvant avoir servi à la corruption. Un témoin a laissé penser en décembre qu'il avait forcément donné son accord, un élément dont l'intérêt est contesté par l'UMP.

Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal