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Viguier clame son innocence au début de son procès en appel

Le professeur de droit Jacques Viguier, soupçonné du meurtre de sa femme Suzanne mystérieusement disparue en février 2000 à Toulouse, a réfuté le portrait dressé de lui au début de son procès en appel. "Je veux dire aujourd'hui à la cour que toutes les ac

Le professeur de droit Jacques Viguier, soupçonné du meurtre de sa femme Suzanne mystérieusement disparue en février 2000 à Toulouse, a réfuté le portrait dressé de lui au début de son procès en appel. "Je veux dire aujourd'hui à la cour que toutes les ac - -

TOULOUSE - Le professeur de droit Jacques Viguier, soupçonné du meurtre de sa femme Suzanne mystérieusement disparue en février 2000 à Toulouse, a...

TOULOUSE (Reuters) - Le professeur de droit Jacques Viguier, soupçonné du meurtre de sa femme Suzanne mystérieusement disparue en février 2000 à Toulouse, a réfuté le portrait dressé de lui au début de son procès en appel.

En première instance, en février 2009, il avait été acquitté, contre l'avis de l'accusation qui réclamait 15 à 20 ans de réclusion criminelle. Le parquet avait fait appel.

L'accusé et ses deux nouveaux défenseurs, Jacques Lévy et Eric Dupond-Moretti, se sont engouffrés dans la salle d'audience de la cour d'assises du Tarn à Albi sans dire un mot.

Ses trois enfants assistaient à cette audience sur les bancs réservés aux familles, Jacques Viguier restant de marbre.

A un seul moment, l'accusé s'est exprimé tandis que le président achevait son interrogatoire de personnalité.

"Je veux dire aujourd'hui à la cour que toutes les accusations qui m'ont été faites, celles de Don Juan, de notable ou d'être pervers sont une atteinte à mon honneur", a-t-il dit avant de s'enfermer à nouveau dans son silence.

Au cours de cette audience, Me Dupond-Moretti s'est brièvement adressé à la cour pour préciser que "toutes les accusations sur la personnalité de notre client, toutes ces affirmations biaisées, nous y reviendrons, croyez-nous".

Défenseur des deux soeurs de la victime, Guy Debuisson a déclaré qu'il y aurait "des surprises au cours de ce nouveau procès. Certains éléments nouveaux vont apparaître".

"Les conditions sont réunies pour que Jacques Viguier soit jugé à Albi de manière précise", a-t-il répété. Il avait parlé auparavant de "d'écoutes téléphoniques non exploitées".

La première après-midi de ce procès fleuve, dont le verdict devrait être prononcé le 19 mars, a été consacrée à la constitution du jury et à l'appel et à la convocation des 56 témoins et des 12 experts cités dans ce dossier.

NI PREUVES, NI AVEUX

Jacques Viguier, 52 ans, comparaît libre.

Soutenu par ses trois enfants au premier procès - qui sont aussi ceux de la disparue - il fait face à certains des proches de Suzanne Viguier, parties civiles, et à l'ex-amant de sa femme, qui estiment qu'il est le "seul coupable possible".

La défense avait obtenu l'acquittement en première instance en faisant valoir les zones d'ombre du dossier, où l'existence d'un meurtre n'est pas même avéré.

Suzanne Viguier, professeur de danse, a en effet disparu, laissant derrière elle ses affaires personnelles, alors que son amant venait de la raccompagner au domicile conjugal. La liaison était connue de Jacques Viguier.

Le dossier d'enquête ne comporte ni preuves ni aveux et repose plutôt sur une analyse de certains indices par les policiers, soutenue par le parquet, qui sera représenté comme au premier procès par l'avocat général Marc Gaubert.

Les indices retenus à charge sont notamment les traces de sang de Suzanne Viguier retrouvées au domicile du couple et dans une voiture, de même que le fait que l'accusé s'est débarrassé après sa disparition du matelas où elle dormait.

Le fait que Jacques Viguier ait tardé trois jours à signaler la disparition est retenu à charge, de même qu'une attitude jugée équivoque durant les interrogatoires de police.

Le parquet soutient en outre que, 48 heures avant sa disparition, Suzanne Viguier avait annoncé à son mari un prochain rendez-vous avec un avocat toulousain pour entamer une procédure de divorce, ce qui serait le mobile du crime supposé.

Les enquêteurs ne sont cependant jamais parvenus à un résultat concret dans leur enquête, même lorsqu'ils ont contraint l'accusé à réaliser un jogging sous leur surveillance pour vérifier un alibi. La défense a fait remarquer que des pistes n'avaient pas été explorées.

Malgré l'absence de cadavre et de preuves, une condamnation est en théorie possible en droit français, sur le fondement de "l'intime conviction" des jurés.

Nicolas Fichot, avec Thierry Lévêque à Paris, édité par Yves Clarisse