BFMTV
Politique

« Vente des bijoux de famille » au FN

-

- - -

A l’occasion de son défilé du 1er mai, le parti de Jean-Marie Le Pen doit faire face à de grandes difficultés financières

Le 1er mai est la date traditionnelle de la manifestation du Front National. Une manifestation qui va perdre de son faste cette année. Après ses échecs électoraux (présidentielle, législatives, municipales) le parti de Jean-Marie le Pen est au bord de la ruine avec plus de 8 millions d'euros de dettes. Obligé de vendre son siège de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) et même la voiture blindée du chef sur Ebay, une Peugeot 605.

Moitié moins de monde pour le discours

Au FN, il n'y a pas de petites économie. Pour la manifestation en hommage à Jeanne d'Arc le budget est serré : divisé par 3 par rapport à l'année dernière, environ 25 000 euros au lieu de 80 000 ces dernières années. Premières victimes de ces économies, les militants de régions : fini les subventions aux fédérations pour payer les bus, ceux qui veulent se rendre à Paris le feront par leurs propres moyens. Résultat, il devrait y avoir moitié moins de monde pour écouter le discours de Jean-Marie Le Pen ce matin et la place de l'Opéra, où le Président du Front National prononce habituellement, son discours est devenue trop grande. L'intervention aura donc lieu sur la modeste place des Pyramides avec pour décor naturel la statue de Jeanne d'Arc ce qui évite aussi de payer le podium avec grand escalier et flammes tricolores, jugé hors de prix.

Au revoir le paquebot, bonjour le Carré

La situation financière du FN est critique. Seule solution pour le parti, vendre « les bijoux de famille » à commencer par le Paquebot, le siège du parti, 5 200 m² acheté en 1994. Selon les responsables du Front National, une promesse de vente devrait être signée dans les jours qui viennent. Le Paquebot est estimé entre 15 et 16 millions d'euros, de quoi rembourser les dettes et se constituer un bas de laine de plusieurs millions d'euros. De toute façon, l'immeuble est devenu bien trop grand et la plupart des bureaux sont vides. Dans les couloirs les posters et photos de Jean-Marie Le Pen se décollent. Fini les 150 collaborateurs des années 90, aujourd'hui le FN ne compte plus que 37 salariés. 16 personnes ont été licenciées avant hier. Courant juin, le siège sera donc déménagé à Nanterre, où le FN devient locataire de 1 800 m², divisés en deux petits immeubles modernes. Le nom est déjà trouver : le Paquebot de Saint-Cloud va devenir le Carré de Nanterre.

« Le Pen n'est pas le bienvenu à Nanterre »

Or, Nanterre (Hauts-de-Seine) est fief communiste. La municipalité fait déjà savoir qu'elle fera tout pour mettre des bâtons dans les roues des nouveaux locataires. Gérard Perrot, premier adjoint au maire de Nanterre, explique que « d'un point de vue administratif, il y a très peu de possibilités de recours. Mais le recours politique peut être très efficace : tracts, une pétition en cours de signature, un collectif d'habitants travaille sur un rassemblement public, on va adresser des courriers au propriétaire pour reçoive une délégation d'habitants... Les gens se mobilisent contre cette installation car voir le nom de Nanterre accolé à chaque déclaration du triste Le Pen, ça gênait beaucoup d'habitants. Mr Le Pen n'est pas le bienvenue à Nanterre ».

La polémique sur le « détail » relancée

Les récentes déclarations de Jean-Marie Le Pen qui a persisté à qualifier les chambres à gaz nazis de « détail » de l'histoire de la seconde guerre mondiale, dans un magazine breton paru vendredi dernier, crééent un malaise au sein du parti. Marine Le Pen a déclaré ne pas partager les propos de son père, la direction aurait reçu plus de 300 mails. Certains responsables du parti ne cachent pas être embarassés. Pour Louis Aliot, le secrétaire général du FN, aujourd'hui, le patron du FN « sur les idées et le programme, c'est Jean-Marie Le Pen. Le programme présidentiel, qui est toujours d'actualité, c'est lui qui en a donné la ligne. Ce n'est pas remis en cause ! Il y a un malentendu : personne ne remet en cause la ligne du parti, qui est celle de la France et les français d'abord, de l'immigration, du pouvoir d'achat, des français les plus humbles dans ce pays qui souffrent de la politique de mondialistation. C'est ça le fond des idées du Front National ! »

La rédaction et Annabel Roger