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Politique

Vent de pessimisme dans le camp de Nicolas Sarkozy

Un vent de pessimisme souffle sur le camp de Nicolas Sarkozy à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle. Beaucoup d'analystes ne s'interrogent plus tant sur ses chances d'être réélu le 6 mai que sur ce qui pourrait encore le sauver d'une d

Un vent de pessimisme souffle sur le camp de Nicolas Sarkozy à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle. Beaucoup d'analystes ne s'interrogent plus tant sur ses chances d'être réélu le 6 mai que sur ce qui pourrait encore le sauver d'une d - -

Un vent de pessimisme souffle sur le camp de Nicolas Sarkozy à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle. Beaucoup d'analystes ne s'interrogent plus tant sur ses chances d'être réélu le 6 mai que sur ce qui pourrait encore le sauver d'une défaite annoncée par les sondages, tant l'antisarkozysme semble ancré dans l'opinion.

Il ne fait guère de doute que le premier tour, dimanche, verra Nicolas Sarkozy et son adversaire socialiste, François Hollande, se qualifier pour l'affrontement final.

Ses proches se raccrochent, comme leur champion, à l'idée que le second tour lui offrira une nouvelle chance de faire la différence, après une phase de "stérilisation" de la campagne, due selon eux à la règle d'égalité absolue du temps de parole dans les médias audiovisuels entre les dix candidats en lice.

"Je suis persuadé que nos idées sont majoritaires mais qu'il y a un véritable mur qu'il faut casser pour convaincre", se plaignait mardi Nicolas Sarkozy devant la Fédération française du bâtiment. "L'équilibre, c'est neuf candidats contre un : 10% du temps de parole pour l'un, 90% pour les autres !"

Le second tour permettra, espèrent le président-candidat et son équipe, de revenir à un affrontement projet contre projet et de "démasquer" les ambiguïtés et les faiblesses de son rival - d'où leur souhait de deux débats télévisés entre les deux tours. Ils misent également sur la mobilisation des indécis.

En attendant que passe le premier tour, cependant, plus on s'éloigne du premier cercle des proches de Nicolas Sarkozy, plus le pessimisme semble l'emporter.

"A MOINS D'UN MIRACLE"

"Il n'y a plus que la Chapelle miraculeuse de la rue du Bac", constate ainsi un ancien ministre, allusion à un lieu de pèlerinage du VIIe arrondissement de Paris, où la Vierge Marie est censée être apparue en 1830.

"Il n'y a plus grand-chose à faire, à moins d'un miracle", renchérit un député UMP, tandis qu'un de ses collègues affirme déjà "prier" pour que les élections législatives de juin ne tournent pas à la déroute pour le parti présidentiel.

Tel ministre regrette que le chef de l'Etat n'ait pas adopté un discours plus rassembleur, après avoir surtout cherché à s'assurer du vote des électeurs de droite.

"Les dés sont jetés, attendons que les chiffres du premier tour sortent et on verra alors si c'est jouable", dit un autre membre du gouvernement, selon qui les troupes présidentielles, certes mobilisées, sont "inquiètes" - "Tout le monde se dit que ça va être compliqué, il y a beaucoup d'interrogations."

Les analystes n'ont pas vraiment de quoi les rassurer.

Pour Pascal Perrineau, directeur du centre de recherche de l'Institut de sciences politiques de Paris (Cevipof), rares sont les éléments susceptibles d'inverser la tendance.

Il décèle certes une fragilité chez François Hollande, qui "n'a pas complètement terminé son travail de conviction sur l'adéquation de sa personnalité à la fonction présidentielle".

Nicolas Sarkozy continue d'avoir une meilleure image pour les questions régaliennes, la gestion des dossiers européens et la capacité à faire face à une crise internationale majeure.

Mais le seul scénario positif plausible pour le chef de l'Etat serait une très courte victoire comme celle de Valéry Giscard d'Estaing face au socialiste François Mitterrand en 1974, malgré un rapport de forces issu du premier tour favorable à la gauche, estime Pascal Perrineau.

"Ce n'est pas le scénario le plus probable", tant le désir d'alternance risque d'être le plus fort, avertit cependant le président du Cevipof.

TROP DE "SIGNAUX À DROITE" ?

A l'antisarkozysme accumulé depuis le début du quinquennat s'ajoutent d'autres facteurs, qui ne tiennent pas tous à la personnalité et à l'impopularité du président sortant.

"Le fait d'être un exécutif sortant dans une Europe en crise est un handicap", estime Pascal Perrineau. "Tous les exécutifs sortants ont été battus lors des récentes élections, qu'ils soient de gauche comme en Espagne ou en Grande-Bretagne ou de droite comme en Italie."

Une des clefs du scrutin résidera dans le total de la gauche au premier tour, que les sondages évaluent aujourd'hui à 45-46%.

"A partir de 45%, c'est plié. Le suspense ne revient que vers 42%", dit Jean-François Doridot, de l'institut Ipsos. "Il faudrait que la campagne soit marquée par un événement majeur, international par exemple, mais ça n'en prend pas le chemin."

Et Nicolas Sarkozy a envoyé jusqu'ici "tellement de signaux à droite" pour consolider son socle électoral en entamant celui du Front national que "cela rend difficile le report sur sa personne d'électeurs du centre", souligne Pascal Perrineau.

Le président-candidat brandit l'annonce d'une "surprise" dans les urnes. Mais cet argument, ainsi que ses appels à l'aide répétés à la "majorité silencieuse" à la fin de chacun de ses meetings ne sont pas nécessairement de nature à apaiser les appréhensions de ses troupes.

Il évoquait cette semaine dans une interview à L'Express l'hypothèse d'une défaite et se disait prêt à en assumer seul la responsabilité. "Sarkozy fait tout tout seul. D'ailleurs ça vaut mieux, ça évite de trouver des boucs émissaires", commente, fataliste, un ancien membre de la direction de l'UMP.

Avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse

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