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Politique

Valls et Taubira en Corse après un nouveau meurtre à Ajaccio

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Mobilisation générale au gouvernement après un nouvel assassinat en Corse, le 17e depuis le début de l'année: Manuel Valls et Christiane Taubira sont arrivés dans l'île en urgence, au lendemain du meurtre du président de la Chambre de commerce d'Ajaccio.

Les ministres de l'Intérieur et de la Justice français sont arrivés en urgence jeudi en Corse et l'opposition, la majorité, comme les élus de l'île appellent à une mobilisation de l'Etat, après le 17e homicide de l'année sur ce territoire.
Jacques Nacer, le président de la Chambre de commerce de Corse-du-Sud, a été abattu mercredi soir par un tireur dans son magasin de vêtements en plein centre d'Ajaccio, un mois après l'assassinat de l'avocat Antoine Sollacaro, une autre figure publique de l'île.
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls doit rencontrer les policiers dans la matinée de jeudi, tandis que la ministre de la Justice Christiane Taubira doit s'entretenir avec les magistrats; une conférence de presse commune est programmée en milieu de journée.

La victime avait une fibre nationaliste

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en appelle aux Corses eux-mêmes : « Ca devient insupportable d'abord pour les Corses, et puis pour la République », confirmant que des moyens supplémentaires seraient mis en oeuvre. « J'appelle aussi au concours de tous les Corses, parce que je sais que les Corses n'en peuvent plus et donc on ne pourra pas faire sans eux non plus. La République doit prévaloir sur tout le territoire », ajoute Jean-Marc Ayrault.
Les enquêteurs vont exploiter des enregistrements de vidéosurveillance, le crime s'étant produit dans la rue Fesch, une artère commerçante très populaire d'Ajaccio. Jacques Nacer a été abattu par un homme seul, qui semble avoir pris la fuite à pied mais pourrait ensuite avoir été emmené en scooter par un complice.
Il n'est fait état dans l'immédiat d'aucune piste privilégiée. La Chambre de commerce de la ville est cependant depuis de longs mois au centre d'un imbroglio judiciaire jalonné de cadavres, sur fond de nationalisme corse.
Jacques Nacer, de sensibilité nationaliste, était président de la Chambre de commerce de Corse-du-Sud depuis 2007, l'année où il avait succédé à Raymond Ceccaldi, condamné depuis dans le procès des marchés publics truqués accordés à la Société méditerranéenne de sécurité (SMS).
Le patron de cette dernière, Antoine Nivaggioni, est mort assassiné par balles en 2010. Il était un proche d'Alain Orsoni, figure du nationalisme local et président du club d'Ajaccio, qui a lui-même échappé à une tentative de meurtre.

La racine du mal: « le fric »

Antoine Sollacaro était l'avocat de certains protagonistes de cet imbroglio entre la SMS et la Chambre de commerce.
Dominique Bucchini, lui, appelle le gouvernement à agir. Le président de l'Assemblée de Corse voit une racine principale au mal de cette île convoitée par les gangs, les affairistes de tous poils et les promoteurs : « Je pense que l'Etat doit s'attaquer une fois pour toutes - dans le passé ça n'a malheureusement pas été le cas - aux racines du mal : le fric. (...) Le milieu corse veut s'emparer du littoral. On a tué des hommes, des femmes, on a tiré sur des enfants, ce n'est plus possible. Il faut obligatoirement que les lois de la République s'appliquent en Corse ».

Copé appelle à l'unité nationale

Au même moment, Jean-François Copé, président de l'UMP et candidat à sa propre succession, refuse d'incriminer le pouvoir de gauche, invoquant d'unité nationale et plaidant pour une action forte : « Il est grand temps maintenant de mettre des vrais moyens dans ce territoire magnifique qu'est la Corse et qui est aujourd'hui totalement gangrené. (...) Il est temps maintenant d'aller au combat contre ces criminels et le gouvernement doit savoir sur ce point que je serai à ses côtés ».
Le gouvernement avait annoncé un programme d'action après l'affaire Sollacaro mais sans véritables moyens policiers supplémentaires, ce que réclament les syndicats de police.
Ils soulignent que pour un territoire aussi peuplé qu'un arrondissement parisien, la violence est à un niveau record en Europe, d'autant qu'aux meurtres, s'ajoutent régulièrement de multiples attentats revendiqués par des groupes indépendantistes, notamment contre des résidences secondaires appartenant à des étrangers ou des continentaux.

La Rédaction avec Reuters