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Une fin 2011 morose pour l'économie française et 2012 difficile

La Banque de France a annoncé mercredi prévoir une croissance nulle de l'économie française au quatrième trimestre 2011, sur la base des résultats de sa dernière enquête mensuelle de conjoncture. /Photo d'archives/REUTERS/Jacky Naegelen

La Banque de France a annoncé mercredi prévoir une croissance nulle de l'économie française au quatrième trimestre 2011, sur la base des résultats de sa dernière enquête mensuelle de conjoncture. /Photo d'archives/REUTERS/Jacky Naegelen - -

par Jean-Baptiste Vey PARIS (Reuters) - La prévision d'une croissance nulle de l'économie française au quatrième trimestre par la Banque de France...

par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - La prévision d'une croissance nulle de l'économie française au quatrième trimestre par la Banque de France confirme un ralentissement durable de l'activité qui fragilise les hypothèses gouvernementales et renforce la probabilité d'un nouveau plan de rigueur l'an prochain.

La prévision publiée mercredi, conforme à celle diffusée par l'Insee en octobre, intervient deux jours à peine après l'annonce d'un second plan d'austérité en moins de trois mois et un sommet du G20 hanté par le spectre d'une récession.

Une croissance faible, nulle ou négative, signifie que les rentrées fiscales seront moins importantes que prévu et les dépenses supérieures, les comptes sociaux étant davantage sollicités.

Un dérapage écarterait la France de ses engagements de réduction du déficit public, alors même que l'agence de notation Moody's évalue la solidité de sa note "triple A" et que l'écart de rendements entre les dettes française et allemande est à son plus haut niveau depuis la crise du système monétaire européen au début des années 1990.

L'Insee publiera le 15 novembre sa première estimation de la croissance au troisième trimestre. L'économie française a crû de 0,9% au premier trimestre et a stagné au deuxième.

L'institut de la statistique a dit en octobre prévoir une croissance de 0,3% au troisième trimestre et une stagnation au quatrième, des hypothèses qui devraient selon lui permettre d'atteindre la prévision gouvernementale pour 2011 (+1,75%).

L'ÉCONOMIE À L'ARRÊT DÉBUT 2012

Mais l'acquis de croissance pour 2012 ne serait que de 0,2%, soit six fois moins qu'à la fin 2010, et il serait encore inférieur si la croissance du troisième trimestre n'était que de 0,1% comme l'a prévu la Banque de France.

Pour compenser le ralentissement économique, le gouvernement a annoncé lundi une nouvelle série de hausses d'impôts et d'économies visant à dégager 7 milliards d'euros supplémentaires en 2012 et 11,6 milliards en 2013.

Il table pour l'instant sur une croissance de 1% en 2012, un chiffre considéré comme trop optimiste par plusieurs économistes et par l'opposition socialiste, aujourd'hui favorite pour l'élection présidentielle d'avril-mai.

Les derniers indicateurs macroéconomiques confirment des perspectives moroses pour l'économie française.

Les prévisions d'investissements industriels publiées mercredi signalent ainsi un net ralentissement, à +4% en 2012, après +11% en 2011, la perspective pour 2011 ayant été révisée en baisse de trois points.

L'indicateur du climat des affaires dans l'industrie publié mercredi par la BdF a quant à lui baissé d'un point en octobre à 96 points et celui des services a baissé d'un point à 95.

"Tous les signaux virent au rouge", déclare le cabinet d'analyse économique Xerfi, dans une étude diffusée mercredi.

"Le tohu-bohu de l'euro dissimule les problèmes de fond de l'économie française et les ravages de notre appareil productif", écrivent ses auteurs, Laurent Faibis et Alexandre Mirlicourtois.

"Il faut arrêter de croire, ou de faire croire, que le réglage monétaire ou macroéconomique peut à lui seul provoquer des miracles. Une vérité s'impose : la croissance est avant tout une question d'entreprises, de création de valeur ajoutée, donc de travail, d'investissements et de compétences sur le territoire national."

La France s'est engagée à réduire son déficit public à 5,7% du produit intérieur brut fin 2011, 4,5% fin 2012 et 3% fin 2013 et à enclencher une baisse de son ratio de dette publique.

La droite et l'opposition socialiste se sont toutes deux engagées à tenir ces objectifs.

Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse