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Une femme jugée pour avoir tué six de ses enfants

Le procès de Céline Lesage, poursuivie pour avoir tué six de ses enfants à leur naissance entre 2000 et 2007, s'est ouvert lundi et ponctue une série de faits divers similaires qui déconcertent les experts. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

Le procès de Céline Lesage, poursuivie pour avoir tué six de ses enfants à leur naissance entre 2000 et 2007, s'est ouvert lundi et ponctue une série de faits divers similaires qui déconcertent les experts. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

PARIS - Le procès de Céline Lesage, poursuivie pour avoir tué six de ses enfants à leur naissance entre 2000 et 2007, s'est ouvert lundi et ponctue...

PARIS (Reuters) - Le procès de Céline Lesage, poursuivie pour avoir tué six de ses enfants à leur naissance entre 2000 et 2007, s'est ouvert lundi et ponctue une série de faits divers similaires qui déconcertent les experts.

L'audience a débuté à Coutances (Manche) avec la désignation de quatre jurés supplémentaires, en plus des neuf titulaires appelés à siéger, afin d'en assurer le déroulement normal, a dit à Reuters le procureur de la ville, François Gosselin.

Le verdict est attendu jeudi. L'accusée, âgée de 38 ans et détenue depuis son arrestation en octobre 2007, encourt la réclusion à perpétuité.

C'est le concubin de Céline Lesage qui a mis l'affaire au jour par hasard, en découvrant dans la cave du domicile qu'il occupait avec la jeune femme à Valognes les corps des six enfants conservés dans des sacs en plastique.

Cinq de ces enfants étaient nés d'une précédente liaison de Céline Lesage entre 1989 et 2006, et le sixième de sa relation en cours au moment des faits, a établi l'enquête.

L'accusée, qui élevait normalement un premier enfant né en 1996, a transporté les cinq premiers corps lors de son déménagement, après sa séparation, en mai 2007.

Céline Lesage, qui n'utilisait aucune méthode contraceptive, a dit dès son placement en garde à vue avoir tué entre août 2000 et septembre 2007 les six enfants en les étouffant ou les étranglant à leur naissance, tout en affirmant n'avoir jamais eu conscience de commettre un crime.

Elle a expliqué aux gendarmes et aux juges qu'elle estimait n'avoir aucune autre solution puisque, pensait-elle, ses deux compagnons successifs ne voulaient pas d'enfant et qu'elle s'inquiétait des possibles réactions hostiles de ses parents.

L'accusation note que lorsqu'on lui a demandé ce qui se serait passé si les corps n'avaient pas été découverts, elle a répondu: "J'aurais continué".

LES EXPERTS PERPLEXES

L'instruction a abouti à un non-lieu pour le père des cinq premiers enfants, initialement mis en examen pour recel de cadavres. Le juge a considéré qu'il n'avait pas eu conscience des crimes et de l'existence des corps.

L'entourage de la jeune femme, en particulier ses parents, n'a jamais eu conscience de ses grossesses, malgré des doutes, a également établi l'enquête.

Une expertise psychologique versée au dossier décrit Céline Lesage comme une femme d'un "assez bon niveau intellectuel, apparaissant comme discrète, emmurée dans un monde interne, avec une peur quasi lancinante de l'autre". D'autres experts relèvent une "crainte d'être jugée par autrui".

Les psychiatres ont cependant écarté tout trouble mental pathologique et ont conclu qu'elle disposait de toutes ses facultés de discernement.

Après avoir eu un enfant en 1996, elle avait arrêté volontairement de prendre la pilule. Elle ne subissait aucune violence physique ou psychologique de ses concubins.

La juge d'instruction a cependant retenu à décharge son profil psychologique. "Céline Lesage, par pudeur ou inhibition majeure, s'est construit un territoire secret touchant tant à son corps qu'à sa relation avec les autres", écrit le juge d'instruction dans son ordonnance de renvoi.

Dans une affaire similaire, Véronique Courjault, qui avait tué à leur naissance trois de ses enfants entre 1999 et 2003 et conservé deux corps au congélateur, a été condamnée en juin 2009 à huit ans de prison à Tours (Indre-et-Loire).

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse