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Un rapport parlementaire juge le glyphosate "moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge" 

Le glyphosate est un des principes actifs du Roundup.

Le glyphosate est un des principes actifs du Roundup. - (Photo d'illustration) - Josh Edelson - AFP

Des parlementaires vont rendre jeudi les conclusions d'un nouveau rapport d'enquête sur le glyphosate. Le co-auteur du rapport assure que le caractère cancérogène du désherbant controversé n'est pas prouvé, contrairement à ce que disent d'autres études existantes sur le sujet.

Un nouveau rapport d'enquête parlementaire qui sera publié jeudi prochain s'apprête-t-il à remettre en cause la cancérogénicité du glyphosate? Ce désherbant, le plus utilisé au monde, est classé "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 2015, une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un groupe d'une trentaine de parlementaires, réunis sous le nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), a été chargé en février 2018 de contrôler le système d'évaluation des substances dangereuses en France et en Europe.

Les conclusions du rapport commandé par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale et la commission du Développement durable du Sénat seront finalement rendues publiques ce jeudi 16 mai, 14 heures, d'après nos confrères de La Dépêche du Midi.

"Le glyphosate cancérogène? La réponse est non!"

"Après avoir beaucoup travaillé avec les agences scientifiques sur ce produit, j’affirme que si le glyphosate a certainement beaucoup de défauts, aucune étude scientifique ne prouve formellement sa cancérogénicité ni en France, ni en Europe, ni dans le monde", affirme Pierre Médevielle, sénateur UDI et co-auteur du rapport, dans une interview accordée à La Dépêche du Midi.
"Je serai parmi les premiers à réclamer son interdiction dès que les preuves scientifiques de sa nocivité seront apportées. Or, à la question: Le glyphosate est-il cancérogène? La réponse est non! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites", a affirmé ce pharmacien de formation, déclenchant une vive polémique.

Pierre Médevielle assure aussi que ce rapport se base sur des "études scientifiques", parmi lesquelles "des études menées à l'Agence européenne de sécurité alimentaire de Parme, à Bruxelles, à l'ANSES, agence la plus performante en Europe et probablement au monde."

"Un pays qui ne fait plus confiance à ses scientifiques est un pays qui n’avance plus", entend mettre en garde le sénateur. "Nous sommes aujourd’hui dans un climat d’hystérie collective qui voudrait que l’on supprime tous les pesticides. Mais attention, ne vidons pas complètement la trousse à pharmacie."

Le sénateur a mélangé "les conclusions du rapport et ses propres convictions"

Des propos jugés "erronés" par le député LaREM de l'Essonne, Cédric Villani, interrogé lundi au micro de BFMTV. En tant que co-rapporteur du rapport parlementaire et vice-président de l'Office, Cédric Villani considère que "le sénateur Pierre Médevielle a mélangé des conclusions du rapport et ses propres convictions". Le député LaREM souhaite ainsi "balayer le malentendu créé par le sénateur Médevielle "avec cette prise de parole prématurée".

"Tout le monde verra dans le rapport rendu jeudi que les conclusions rendues par l'Office sont rigoureuses et indépendantes, et il n'y a pas de jugement ni de conclusions nouvelles sur la dangerosité du glyphosate dans ce rapport", martèle Cédric Villani. "Le rapport ne prend pas position sur le fond, il dit explicitement que ce n'est pas son objet de donner une conclusion sur le glyphosate", ajoute le député LaREM.

Les parlementaires Gérard Longuet et Cédric Villani, président et vice-présidents de l'OPECST, ont fait savoir dans un communiqué publié ce lundi que leur rapport "ne se prononçait pas sur la toxicité à long terme du glyphosate".

"Il n’appartient d’ailleurs pas à l’OPECST de formuler une vérité scientifique officielle ou de procéder par lui‑même à des travaux de recherche", précise le communiqué de presse.

Des documents confidentiels, mis au jour par France 2 la semaine dernière, ont révélé que de nombreuses personnalités françaises auraient été fichées par des agences de communication travaillant pour Monsanto, en fonction de leur positionnement sur la question du glyphosate.

Jeanne Bulant