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Politique

Un proche conseiller de Hollande raconte les dernières heures à l'Elysée avant le renoncement

Le président de la République François Hollande le 1er décembre 2016

Le président de la République François Hollande le 1er décembre 2016 - BFMTV

Vincent Feltesse, conseiller du président de la République, a raconté dans un billet de blog le déroulement de la journée du 1er décembre à l'Elysée. Le matin même, il était l'un des très rares à connaître la décision de François Hollande.

Vincent Feltesse a été député, élu en Gironde. Depuis 2014, il est conseiller du président de la République et a son bureau au Palais de l'Elysée. C'est à ce titre qu'il a été un des témoins privilégiés de la journée du 1er décembre, durant laquelle François Hollande a renoncé à solliciter un second mandat auprès des Français, vaincu par les coups de boutoirs de son ambitieux Premier ministre et par son impopularité record. Vincent Feltesse a raconté ce moment si particulier sur son blog, ce vendredi. 

Un doute grandissant éteint brutalement

Lorsqu'on lui dit dans la matinée que le président souhaite le voir, Vincent Feltesse ne sait pas de quoi exactement il sera question. Mais il en a tout de même une petite idée. "Depuis lundi après-midi, un doute croissant nous habitait", écrit-il. Ce lundi-là, François Hollande et Manuel Valls, alors Premier ministre, s'étaient entretenus durant un déjeuner, après que le chef du gouvernement avait laissé paraître son envie de tenter sa chance à la primaire de la gauche les jours précédents. Dans la phrase de Vincent Feltesse, "nous" désigne les trois personnes que François Hollande avait convoqué à ses côtés sitôt Manuel Valls parti: Vincent Feltesse donc, Gaspard Ganzer, le chef de la communication élyséenne et enfin Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de la présidence. 

Retour au 1er décembre. Vincent Feltesse retrouve au matin François Hollande dans son bureau. A ce moment, il sait que l'agenda présidentiel se resserre. Le 5 décembre a été fixé comme date-butoir pour une décision, quelle qu'elle soit. Assis sur une petite table de travail en face du président de la République, tout doute disparaît bientôt dans l'esprit du conseiller: 

"Il ne s’agissait plus de discuter. Nous l’avions fait de nombreuses fois. Le président avait un texte sous les yeux, une déclaration. Un texte imprimé. Avec, comme toujours, là encore, ses petites annotations manuscrites. En bleu. J’en devinais la tonalité. L’évidence s’était révélée par petite touche."

Chronomètre et téléphone

Avant de lui lire la déclaration qu'il destine à la télévision dans la soirée, François Hollande demande à son collaborateur de chronométrer l'intervention: "Cinq minutes et quarante-sept secondes plus tard, c’était donc fini. Le soir, à 20 heures, l’allocution finale sera un peu plus longue", écrit Vincent Feltesse qui se contente lors de l'entretien de suggérer une idée supplémentaire, de retoucher quelques formules. 

Le rendez-vous est bientôt terminé, le patron de l'exécutif donne ses dernières consignes. Jusqu'au soir, le silence doit être absolu autour de son choix. Le chef de l'Etat arrête également la liste des personnes à appeler, l'ordre des coups de fils et l'heure à laquelle les passer. Les deux hommes discutent aussi des arguments à diffuser après l'allocution. Quelques heures plus tard, François Hollande renoncera publiquement à défendre son bilan en 2017. 

Robin Verner