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Un maire fait traduire des arrêtés anti-mendicité en roumain et bulgare

« Ils sont là tous les jours, à 5m de notre porte », raconte l’un des rares commerçants qui a accepté de s’exprimer…

« Ils sont là tous les jours, à 5m de notre porte », raconte l’un des rares commerçants qui a accepté de s’exprimer… - -

« Ça m’a semblé logique », explique Sébastien Leprêtre, maire UMP de La Madeleine, près de Lille, qui a fait traduire des arrêtés anti-mendicité, en roumain et en bulgare. En cause : les Roms, insistants près des commerces de la ville. Sur place, certains habitants sont choqués.

Sébastien Leprêtre, le maire UMP de La Madeleine (23.000 habitants), juste à côté de Lille, a décrété que la mendicité des Roms était dorénavant interdite dans sa ville. Deux arrêtés municipaux ont été affichés en Mairie. Jusqu’au-boutiste, le maire a même décidé de les traduire en bulgare et en roumain, pour les distribuer aux plus concernés. En cause, les Roms qui se montreraient insistants aux abords des commerces de la ville.
Coutumier du fait, le maire de La Madeleine a déjà tout mis en œuvre en avril dernier pour déloger un camp de Roms. Mais cette fois, le camp se situe sur la commune de Lille, ville qui a décidé de ne plus pratiquer d’expulsions. Sébastien Leprêtre a également écrit au préfet et à la maire de Lille, Martine Aubry, pour trouver une solution.

« On est au comble de l’hypocrisie »

Sébastien Leprêtre, le maire UMP de la commune, assume. C'est à la demande d'une partie de la population qu’il a pris ces arrêtés : « On est en train d’atteindre, et même de dépasser, le seuil de tolérance que chacun peut avoir par rapport à des personnes qui, certes, sont en souffrance, mais qui parcourent les rues de la ville et ouvrent systématiquement les sacs poubelles… ça pose aussi le problème de l’hygiène et de l’insalubrité publique. On est au comble de l’hypocrisie. C’est à eux que je veux m’adresser. Faire traduire les arrêtés, ça m’a semblé tellement logique ».

« C’est pas une solution d’interdire ces gens-là »

Giovanni, rencontré devant un supermarché urbain, est quant à lui choqué par cette manière de faire : « C’est pas une solution d’interdire ces gens-là, parce qu’ils souffrent. Ils sont Européens. Moi je trouve ça ignoble. Pourquoi ça dérange les bourgeois de La Madeleine ? Moi je suis Italien d’origine ; quand mon père est arrivé, on l’a aidé. Et quand je vois ça, c’est cruel, y’a pas de mot, je pense que ce maire doit démissionner ».

« Traiter le problème en amont »

À La Madeleine, difficile de trouver un commerçant qui s’exprime. Le gérant d’une société de livraison de pizza a tout de même accepté : « Ils sont là tous les jours, à 5m de notre porte. Malheureusement, les gens sont habitués, il y a de la mendicité à chaque feu rouge, croisement… Je pense qu’il faudrait traiter le problème en amont : pourquoi ils arrivent en masse chez nous… Ils ont leurs places, leurs commerces… Tout ça est organisé ».

La Rédaction, avec M. Wolff et M. Boule