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Politique

Un gouvernement de parité et d'équilibres

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François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont su bâtir une équipe ménageant les susceptibilités: on y trouve aussi bien des proches de Hollande que de Aubry, 2 membres des Verts, 2 PRG... C'est aussi le 1er gouvernement parfaitement paritaire.

Le candidat François Hollande l'avait promis: sous sa présidence, c'est un gouvernement à parité intégrale qui va se mettre au travail. Et c'est une première dans la République.
34 ministres et ministres délégués, pour 17 hommes et 17 femmes, c'était le premier défi à relever pour forger l'équipe gouvernementale; les longues heures d'attente avant l'annonce sur le perron de l'Elysée semblent indiquer combien les dosages furent délicats.
Paritaire, ce gouvernement apporte aussi de l'air: sur 34 ministres, 30 n'ont aucune expérience gouvernementale. Un handicap? «Au contraire, c'est un gouvernement profondément renouvelé, c'est le changement que les Français veulent», a répondu Jean-Marc Ayrault pour sa première interview de Premier ministre, mercredi soir sur France 2.

Des équilibres subtils

En formant son gouvernement, François Hollande avait une difficile équation à résoudre.
Il lui fallait d'abord remercier ses soutiens. Manuel Valls, qui a su se rendre indispensable pendant la présidentielle, décroche le ministère de l'Intérieur.
Pierre Moscovici, l'ancien directeur de campagne, hérite d'un super ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
Michel Sapin, proche parmi les proches, prend le ministère du Travail, de l'Emploi et du dialogue social.
Stéphane Le Foll, fidèle parmi les fidèles, s'installe à l'Agriculture; Jean-Yves Le Drian à la Défense.
En outre, François Hollande a sans doute jugé que trop d'«éléphants» du PS en dehors de l'équipe risqueraient de faire trembler les murs: Laurent Fabius devient le N°2 du gouvernement en prenant le Quai d'Orsay, qu'il convoitait.
Autre terme de l'équation, François Hollande devait aussi ménager ses anciens concurrents des primaires socialistes, qui représentent autant de courants au sein du PS.
Ainsi, Arnaud Montebourg prend l'Industrie, un portefeuille rebaptisé ministère du «Redressement productif».
Ségolène Royal étant candidate au perchoir de l'Assemblée, elle ne devait pas entrer au gouvernement, mais François Hollande a pris soin de recruter plusieurs proches de son ex-compagne: Dominique Bertinotti à la Famille, Delphine Batho déléguée à la Justice.

Une grande absente: Martine Aubry

La défection de Martine Aubry a-t-elle créé la surprise? Plusieurs de ses proches représenteront sa sensibilité au gouvernement: François Lamy, son bras droit, est nommé ministre de la Ville, Marylise Lebranchu ministre de la Réforme de l'Etat et de la Fonction Publique.
Le président Hollande a également tenu compte des accords passés avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti Radical de Gauche (PRG).
Le «renvoi d'ascenseur» lui permet ainsi d'installer une surprise de casting: Christiane Taubira, députée PRG de Guyane, est nommée Garde des Sceaux, un geste fort adressé aux Radicaux de gauche.
De même, les écologistes font une entrée remarquée, surtout avec Cécile Duflot, nommée à la tête de l'important ministère de l'Egalité des territoires et du Logement. Pascal Canfin, venu lui aussi des rangs d'EELV, devient ministre délégué au Développement.

Les «minorités» ne sont pas oubliées

Symbole de l'intégration républicaine, Najat Vallaud-Belkacem sera le visage de ce nouveau gouvernement puisqu'elle en devient la porte-parole, à seulement 34 ans. Née au Maroc, élevée en France, elle devient aussi ministre des Droits des Femmes.
L'eurodéputé Kader Arif, né en Algérie, est nommé ministre délégué aux Anciens combattants. Enfin Yamina Benguigui, seule personnalité issue de la société civile, rejoint l'équipe comme ministre déléguée aux Français de l'étranger.
C'est donc un gouvernement aux équilibres savamment étudiés qui se réunit ce jeudi pour son premier conseil des ministres. Un gouvernement que les législatives viendront peut-être remanier... Sans parler de cohabitation, Jean-Marc Ayrault a prévenu: les ministres candidats qui seraient battus dans les urnes devront aussitôt démissionner du gouvernement.