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Politique

Un débat sur la règle d'or qui n'est pas sans risque politique

A l'heure où la lutte contre les déficits publics est devenue une priorité, le débat sur la "règle d'or" risque d'animer la vie politique française jusqu'à la présidentielle, non sans risque pour Nicolas Sarkozy. François Miquet-Marty, directeur de l'inst

A l'heure où la lutte contre les déficits publics est devenue une priorité, le débat sur la "règle d'or" risque d'animer la vie politique française jusqu'à la présidentielle, non sans risque pour Nicolas Sarkozy. François Miquet-Marty, directeur de l'inst - -

par Yann le Guernigou PARIS (Reuters) - A l'heure où la lutte contre les déficits publics est devenue une priorité, le débat sur la "règle d'or"...

par Yann le Guernigou

PARIS (Reuters) - A l'heure où la lutte contre les déficits publics est devenue une priorité, le débat sur la "règle d'or" risque d'animer la vie politique française jusqu'à la présidentielle, non sans risque pour Nicolas Sarkozy.

Le chef de l'Etat a mis au défi l'opposition socialiste d'approuver cette règle de bonne gestion qui limiterait constitutionnellement les déficits sous peine de passer pour hostiles à toute orthodoxie budgétaire aux yeux de l'électorat.

Il a accentué la pression en proposant mardi, de concert avec la chancelière Angela Merkel, que tous les pays de la zone euro adoptent de telles dispositions d'ici la mi-2012.

Le Parti socialiste, y voyant une opération politicienne à l'approche de la présidentielle, a exclu d'apporter les voix nécessaires à l'inscription de cette mesure dans la Constitution lors d'un vote du Congrès et répondu que la question serait tranchée lors du scrutin d'avril et mai prochains.

"C'est sûr qu'il y a un piège politique derrière tout ça", estime Gaël Sliman, responsable du département opinion de l'institut BVA.

"Les arguments que donnent les socialistes pour s'y opposer, à savoir que Nicolas Sarkozy est largement responsable du creusement des déficits, sont soutenus par l'opinion", dit-il.

"Mais s'il y a un risque de choc financier et que la France puissent perdre sa signature AAA (qui lui permet d'emprunter à bon compte sur les marchés-NDLR), les gens ne comprendraient pas qu'ils ne signent pas".

L'analyste relativise toutefois l'importance de cette hypothèse en soulignant que ses rivaux socialistes disposent d'une avance "écrasante" en terme de crédibilité sur le chef de l'Etat, y compris sur les enjeux économiques, même s'ils sont au coude à coude avec lui sur la question de la lutte contre les déficits et le désendettement.

UNE RÈGLE ABSTRAITE

François Miquet-Marty, directeur de l'institut Viavoice, juge que Nicolas Sarkozy "peine à installer une crédibilité sur le sujet de la dette, qui devient un enjeu aussi important désormais que des questions comme le pouvoir d'achat et l'insécurité."

Un sondage IFOP pour Sud-Ouest Dimanche publié récemment faisait apparaître que la moitié des Français considèrent que la baisse de l'endettement devait être une priorité du gouvernement.

Et une large majorité prônaient pour y faire face l'annulation de deux mesures phares du quinquennat, sur lesquelles Nicolas Sarkozy a pourtant exclu de faire marche arrière : la baisse de la TVA dans l'hôtellerie-restauration et la défiscalisation des heures supplémentaires.

Pour François Miquet-Marty, le fait que ces mesures soient associées dans l'opinion à la détérioration des finances publiques n'est pas bon pour le chef de l'Etat, dont "la capacité d'action est en partie discréditée".

De plus, il n'est pas sûr selon lui que la règle d'or ait un réel impact en termes d'opinion car "elle est abstraite, conditionnée à une adoption dans toute la zone euro et n'est pas prévue avant la mi-2012".

"Il pourrait l'utiliser contre les socialistes pour autant que ceux-ci apparaissent peu responsables ou irresponsables. Mais pour l'instant ni Martine Aubry, ni François Hollande ni Ségolène Royal (les trois principaux prétendants à la primaire PS pour 2012-NDLR) n'ont dérapé sur ce sujet", souligne-t-il.

"S'il y a une stratégie consistant à souligner un manque de responsabilité de la gauche, elle risque de faire long feu !"

Edité par Gérard Bon