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Un acteur-clé du dossier Karachi retrouvé en Suisse

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PARIS (Reuters) - Un homme d'affaire libanais, Abdul Rahman al Assir, a été retrouvé en Suisse et mis en examen dans l'enquête sur une possible...

PARIS (Reuters) - Un homme d'affaire libanais, Abdul Rahman al Assir, a été retrouvé en Suisse et mis en examen dans l'enquête sur une possible corruption en marge de la présidentielle de 1995 dont il aurait été un acteur-clé, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

"Il a été localisé et entendu le 30 mai", a-t-on expliqué.

Il a été mis en examen à cette occasion par un magistrat suisse, agissant au nom de la justice française. Le juge d'instruction parisien Renaud Van Ruymbeke doit se rendre cette semaine sur place pour l'auditionner, précise-t-on de source proche du dossier.

Abdul Rahman al Assir, qui résidait dans un hôtel, n'est toutefois pas en détention et l'exécution d'une éventuelle demande d'extradition à son encontre reste incertaine, dit-on.

Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré par le juge Van Ruymbeke qui le soupçonne d'avoir oeuvré avec son ami de l'époque Ziad Takieddine au détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan et de frégates à l'Arabie saoudite dans les années 1990.

Cette affaire, peut-être liée à un attentat qui a tué 11 Français à Karachi en 2002, est susceptible de s'orienter vers Nicolas Sarkozy, ministre du Budget (1993-1995) et porte-parole de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur. Son immunité présidentielle expire vendredi prochain.

Ziad Takieddine, interrogé à de multiples reprises, met en cause son ancien ami et nie catégoriquement les manoeuvres frauduleuses autour de retraits d'argent en espèce en Suisse qui lui ont valu une double mise en examen.

Le juge Van Ruymbeke a découvert des retraits d'espèces importants en Suisse, sur des comptes semblant liés aux contrats d'armement français, à des périodes correspondant à l'arrivée massive d'espèces sur les comptes de la campagne présidentielle de 1995 d'Edouard Balladur.

Les retraits opérés selon un schéma complexe impliquent selon l'accusation Ziad Takieddine et Abdul Rahman al Assir. Des dépositions et des éléments bancaires laissent penser que cet argent est venu ensuite abonder les comptes de la campagne Balladur, via deux proches de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, qui sont eux aussi mis en examen.

Au total, plus de 20 millions de francs en espèces (trois millions d'euros) ont été versés sur les comptes Balladur, ont découvert les juges. Edouard Balladur justifie ces espèces par des ventes de T-shirts et de gadgets de campagne.

Le Conseil constitutionnel avait à l'époque validé ses comptes malgré un avis contraire des rapporteurs.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse et Gilles Trequesser