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Politique

UMP, la vidéo qui « charge » le gouvernement et les lobbies

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Comment équilibrer les comptes publics de la France ? Eric Woerth, le ministre du Budget, semble avoir deux avis opposés sur la question : l'un officiel, l'autre à voix basse.

Moins 30 600 fonctionnaires en 2009, crédits quasiment gelés dans tous les ministères, économies à venir sur la Sécu... Hier, mardi 15 juillet, Eric Woerth, ministre du Budget, a annoncé la couleur : si la France veut arriver à l'équilibre des comptes en 2012, elle doit, comme prévu, se serrer la ceinture. Surtout que la conjoncture économique n'est pas favorable. « La contrainte financière est extrêmement forte », a expliqué Eric Woerth, sans prononcer le mot tabou de « rigueur ».

Woerth en off
Un discours bien loin de celui qu'il tenait dans les couloirs de la Conférence nationale des exécutifs, la semaine dernière, devant la caméra d'Alain Lambert, ancien ministre délégué au budget et actuel bloggeur : « Moi je ne suis pas responsable de la loi fiscale. C'est compliqué », souligne Eric Woerth, alors en compagnie de Gilles Carrez, rapporteur général UMP du budget de l'Assemblée Nationale. Et quand Alain Lambert l'interpelle, en précisant que « normalement, le ministre des comptes publics, il doit être ministre, et des recettes, et des dépenses », l'actuel ministre du Budget, visiblement résigné, répond : « Oui, mais ce n'est pas tellement le cas en fait. Je suis responsable du recouvrement. », conclut-il, un sourire pincé aux lèvres. Un rictus qui en dit long ?

Dans cette vidéo non "officielle", Gilles Carrez, très critique envers le gouvernement Sarkozy, argumente sur la nécessité de maîtriser les dépenses, et surtout de ne pas baisser toutes les recettes : « C'est ce que je me tue à répéter depuis un an : l'organisation gouvernementale n'est pas bonne. Vous ne faites que de la dépense. Eric Woerth est un ministre croupion. Je lui ai dit. Il n'a le droit de s'occuper que de la colonne "dépenses". Or, en finances, il y a deux colonnes : les dépenses ET les recettes. Les recettes échappent complètement. Moi, j'ai fait un questionnaire précis, et je n'ai pas eu le début de l'ombre d'une réponse. Hier, je pose la question suivante en commission de finances : à combien chiffre-t-on l'effet de ce qui a déjà été voté en terme de baisse d'impôts ? Pas de réponse. Le rapport d'orientation budgétaire est à pleurer ; il n'y a rien sur les recettes, rien sur la stratégie de recettes. Ça ne peut pas continuer. Donc, je vais voir tout de suite Christine Lagarde. »

« Si tous les lobbies, les uns après les autres, s'engouffrent pour savoir qui obtiendra la TVA à 5,5%, qui un crédit d'impôt... nous n'arriverons jamais à redresser nos comptes. (...) Pour moi, la vraie question est de savoir ce qu'il se passe, si nous sommes complètement isolés, jusqu'à quel point l'euro nous protège. Est-ce que l'on peut nous jeter en dehors de la zone euro, si vraiment on est incapables de se fixer des règles de discipline nationale - même pas européennes d'ailleurs, règles auxquelles nous ne voulons pas nous astreindre. »

Juliette VINCENT, avec Stéphanie Collié