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Takieddine entendu sur le financement de la campagne Balladur

L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a été à nouveau interrogé mercredi dans l'enquête sur une possible corruption en marge de la présidentielle de 1995, dans laquelle sont mis en examen plusieurs proches de Nicolas Sarkozy. /Photo prise le

L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a été à nouveau interrogé mercredi dans l'enquête sur une possible corruption en marge de la présidentielle de 1995, dans laquelle sont mis en examen plusieurs proches de Nicolas Sarkozy. /Photo prise le - -

PARIS (Reuters) - L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a été à nouveau interrogé mercredi dans l'enquête sur une possible corruption...

PARIS (Reuters) - L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a été à nouveau interrogé mercredi dans l'enquête sur une possible corruption en marge de la présidentielle de 1995, où sont mis en examen plusieurs proches de Nicolas Sarkozy.

A onze jours du premier tour du scrutin de 2012, c'est la deuxième enquête pénale menaçant le président activement menée par la justice, avec celle visant l'abus de faiblesse présumé sur l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.

Mis en examen depuis fin 2011, Ziad Takieddine a dit à Reuters après son audition qui a durée toute la journée qu'il avait nié être impliqué dans des retraits d'argent en espèces suspects découverts en Suisse.

Mais il ajoute que son ancien ami libanais, Abdul Rahman al Assir est impliqué, des pièces du dossier montrant selon lui que ces retraits provenaient d'un de ses comptes suisses.

"Ça m'étonne, ça me révolte que ça soit fait comme ça, j'espère que vous allez déterminer où c'est allé", a dit Ziad Takieddine au juge Renaud Van Ruymbeke.

Selon les documents qu'il a cités, l'argent suspect est sorti d'un compte d'Abdul Rahman al Assir, est ensuite parti au Koweït, puis a été retiré en espèces. Les juges cherchent maintenant à retrouver Abdul Rahman al Assir.

Ils sont dans ce dossier sur la piste d'un possible détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates à l'Arabie saoudite (200 millions d'euros) dans les années 1990. Un attentat au Pakistan en 2002 où 11 Français sont morts pourrait être lié.

TAKIEDDINE ACCUSE SARKOZY

L'hypothèse de travail du juge est qu'une partie de cet argent, cheminant dans des comptes off-shore ouverts notamment au Luxembourg sur consigne supposée de Nicolas Sarkozy, ministre du Budget à l'époque, a été retirée en espèces et réacheminée vers Paris pour financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995, dont l'actuel président était le porte-parole.

Les importants retraits d'espèces en Suisse se situent dans une période proche d'un versement, toujours en espèces, de dix millions de francs (1,5 million d'euros) aux comptes de la campagne Balladur, en avril 1995.

Au total, plus de 20 millions de francs en espèces (trois millions d'euros) ont été versés pour cette campagne.

Edouard Balladur les justifie par des ventes de T-shirts. Abdul Rahman al Assir et Ziad Takieddine étaient, selon d'autres dépositions versées au dossier, imposés comme intermédiaires par le camp Balladur dans les contrats saoudien et pakistanais.

Ziad Takieddine, reconvoqué chez le juge vendredi, souhaite parler de l'après-1995, lorsque, selon lui, une fois Jacques Chirac élu au détriment d'Edouard Balladur, les commissions des contrats ont été détournées vers d'autres réseaux.

Il prête dans ces mouvements un rôle à Alexandre Djouhri, un autre intermédiaire qui s'est lié selon lui ensuite au camp Sarkozy. "Regardez ce qu'il a fait, avec toujours un accord total avec (de l'actuel ministre de l'Intérieur) Claude Guéant".

"Guéant ça veut dire Sarko. Je n'ai qu'une seule envie, que la France en finisse avec ce système de corruption", a dit Ziad Takieddine à Reuters.

Thierry Lévêque