Syrie: en France, la levée de l'embargo essuie le feu des critiques
Etait-il nécessaire de lever l'embargo qui empêchait de fournir des armes aux rebelles syriens? A droite et au centre de l'échiquier politique français, cette décision prise lundi par l'Union européenne, à l'initiative de Paris et de Londres, est considérée comme un choix hasardeux.
Mardi matin sur I-télé, le président du Modem François Bayrou s'est ainsi inquiété d'"une décision risquée, car quand on vend des armes, il faut savoir à qui on les vend." Il a pointé le précédent de la Libye où la France "a introduit des armes qui se sont retrouvées ensuite dans de nombreux mouvements, y compris contre nos soldats au Mali".
Un "remède pire que le mal", selon Dati
Dans des termes plus directs, sept députés UMP du courant Droite populaire ont indiqué que cette décision revenait ni plus ni moins à "armer les jihadistes de Damas" et à mettre en danger le futur processus de négociation russo-américain. Sur BFMTV, l’eurodéputée et ex-ministre UMP Rachida Dati a, pour sa part, prophétisé que "le remède sera pire que le mal".
Opposée depuis toujours à la rébellion syrienne, qu’elle assimile à des "islamistes", la présidente du Front national Marine Le Pen a de son côté condamné une initiative selon elle "irresponsable et dangereuse".
Une "faute lourde contre la paix", juge Mélenchon
De l’autre côté du spectre politique, l’accueil n'a néanmoins pas été meilleur. Le co-président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a pour sa part dénoncé "une faute lourde contre la paix" de la part de la France et du Royaume-Uni, les plus fervents partisans de la levée de l'embargo.
Pour lui, cette décision s'apparente à une "surenchère militaire" qui éloigne "une résolution politique du conflit syrien". Comme François Bayrou, il a mis en avant les (contre-) "exemples libyen et afghan".
Un "appui à la solution politique", pour le Quai d'Orsay
Répondant à ces critiques, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a indiqué que "la décision de lever l'embargo" n'était "pas belliqueuse" et venait "à l'appui de la solution politique." Il a rappelé que "l'objectif" de Paris était la tenue de la "conférence de Genève", sommet international sur la question syrienne qui se tiendra en juin.
Si des armes devaient être livrées, a-t-il ajouté, "ce serait à des groupes que nous voulons voir promus dans la Syrie de l'après Assad". "Le vrai sujet", a-t-il souligné, "est celui de la traçabilité des armes".
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