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Politique

Succession César : quel rôle a joué Woerth ?

Libération maintient que Woerth est intervenu dans la succession de César

Libération maintient que Woerth est intervenu dans la succession de César - -

Le journal Libération maintient qu'Eric Woerth est intervenu pour éviter un redressement fiscal aux héritiers du sculpteur César après des discussions avec un donateur de l'UMP. Et bien que le ministère du Travail démente catégoriquement, l'opposition s'interroge sur le rôle du ministre.

Sans se prononcer sur le fond de ce que le quotidien Libération qualifie de "nouvelle affaire Woerth", des responsables du Parti socialiste et du Front national ont demandé des explications à l'ex-ministre du Budget, qui cumulait cette charge avec la fonction de trésorier de l'UMP.

« Le retour de la République des copains et des coquins »

Eric Woerth "devient le symbole du retour de la République des copains et des coquins", a déclaré le député socialiste Claude Bartolone, sur RTL. "Il est devenu la suite du rendez-vous du Fouquet's., a-t-il ajouté dans une allusion aux célébrations par Nicolas Sarkozy dans un établissement des Champs-Elysées de sa victoire à la présidentielle de 2007. "Le président de la République Nicolas Sarkozy a installé une proximité entre l'argent et la politique qu'il paye intérêts et capital aujourd'hui", a-t-il encore dit.

Soulignant qu'une nouvelle fois un donateur de l'UMP a peut-être "été favorisé par M. Woerth", un dirigeant du FN a appelé le président et le Premier ministre à faire le ménage. "Il est inacceptable et humiliant de voir la France ainsi rabaissée au niveau des écuries d'Augias. Le nettoyage doit être très rapide", déclare Wallerand de Saint Just, vice-président du FN, dans un communiqué.

« Ni magouille, ni histoire extraordinaire »

Les services d'Eric Woerth ont démenti mercredi les informations de Libération, expliquant que "tout a été fait dans le respect du droit fiscal" dans le dossier de la succession César et que l'annulation du redressement de 27 millions d'euros était la conséquence des conclusions d'une enquête de justice.
La veuve du sculpteur, qui était visée par ce redressement, a parallèlement nié toute intervention d'Eric Woerth. "Il n'y a ni magouille ni histoire extraordinaire. Eric Woerth, je n'ai jamais entendu parler de lui", déclare Rosine Baldaccini dans un entretien publié jeudi dans Le Parisien.

« La lettre communiquée par Libé est bidouillée »

Selon Libération, l'intervention d'Eric Woerth a fait suite à des "pourparlers avec l'exécuteur testamentaire du sculpteur, Alain-Dominique Perrin, président de la fondation Cartier pour l'art contemporain et grand donateur de l'UMP". Ce dernier a confirmé mercredi qu'il était un donateur du parti présidentiel mais a contesté le reste de l'article.
Prié de dire s'il avait sollicité l'aide du ministre, il a répondu : "C'est totalement faux." "La lettre communiquée par Libé est bidouillée, tronquée, c'est un travail de faussaire", a-t-il déclaré, qualifiant de "couillonnade" l'idée selon laquelle il aurait ainsi bénéficié de sa générosité envers l'UMP.

« Authentique, cette lettre prouve que Woerth est intervenu »

Mais Libération persiste et signe. François Sergent, son directeur adjoint de la rédaction, répond à ces accusations : « Nous n’avons pas bidouillé cette lettre, qui est publiée dans son intégralité sur notre site. Le document est totalement authentique ; il est signé du ministre et complet ; on ne l’a ni modifié, ni raccourci. L’important c’est qu’Eric Woerth nous a dit qu’il n’était jamais intervenu dans une affaire fiscale, est intervenu ; cette lettre le montre. C’est lui qui l’a signée et adressée à l’exécuteur testamentaire ou à son avocat, de la succession de César. »

« Ce dossier fera "splash" car Libé a voulu faire d’une non-affaire une affaire »

Persuadé que ce dossier ne mènera nulle part, l’avocat d’Alain-Dominique Perrin, maître Antoine Chatain défend son client : « Alain-Dominique Perrin n’est pas un ami de monsieur Woerth. Nous avons tous eu, dans le cadre de la succession de César, des rapports avec le ministère de la Culture, avec Bercy, avant Woerth et même avant son prédécesseur. Monsieur Perrin est tout à fait serein ; ce dossier fera "splash" parce que le journal Libération a voulu faire d’une non-affaire une affaire et profiter d’une campagne au travers d’un dossier qui n’a pas lieu d’être. »

La Rédaction, avec B. Salliot et Reuters