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Strauss-Kahn continue de diviser les deux rives de l'Atlantique

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L'affaire Strauss-Kahn continue de provoquer des réactions contradictoires des deux côtés de l'Atlantique : réhabilité pour les uns, l'ex-directeur général du FMI recueille pour les autres les dividendes d'une "justice de riches".

Des informations du New York Times, relayées par les médias du monde entier, ont semé le doute sur les accusations portées contre l'ancien prétendant à la présidence française, inculpé pour tentative de viol à New York.

De source proche de l'enquête, on confirme à Reuters que la crédibilité de la victime présumée, une femme de chambre d'un hôtel de Manhattan, est remise en cause en raison notamment d'un passé trouble et une audience est prévue ce vendredi.

En France, les premières réactions dans la rue à ce rebondissement font penser au sondage CSA réalisé après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn le 14 mai, où 57% des personnes interrogées se disaient convaincues d'un complot.

"Je suis plutôt contente de voir que tout n'était pas ni blanc ni noir, mais qu'il y a peut-être un petit peu de gris", témoignait vendredi Carine, une trentenaire, à Paris.

"Entre être un séducteur et un criminel pour viol, il y a une différence", a-t-elle souligné.

Cette jeune femme ne serait pas "choquée" que Dominique Strauss-Kahn revienne en France pour briguer l'investiture socialiste à l'élection présidentielle de 2012.

"Je pense que c'est quelque chose qu'on peut envisager, mais ça dépend des éléments qui seront présentés au procureur et de la décision qui sera prise", a-t-elle ajouté.

Dominique Strauss-Kahn, assigné à résidence à New York, doit comparaître à 17h30 (15h30 GMT) devant la Cour suprême de l'Etat de New York.

"Ce qui s'est passé dans la chambre (d'hôtel), on n'en sait rien. Mais (son accusatrice) n'est plus crédible, je pense", estime Geneviève, qui se dit abasourdie par "toute cette campagne médiatique" contre Dominique Strauss-Kahn.

Elle souhaite que l'ancien ministre socialiste se présente à l'élection présidentielle mais s'interroge sur "son état psychologique" après "la descente aux enfers qu'il a connue".

Guillaume, jeune cadre âgé d'une trentaine d'années, considère lui aussi qu'après avoir été "traîné dans la boue par de nombreux médias", Dominique Strauss-Kahn "peut revenir pour les présidentielles de 2012".

"Etant donné que le Parti socialiste a été convaincu de sa probable innocence, je pense qu'il aura certaines chances de revenir dans la course à la primaire et à la présidentielle", ajoute-t-il.

"LES RICHES NE VONT JAMAIS EN PRISON"

Les lecteurs du New York Times aux Etats-Unis, où les affaires de moeurs ont compromis bien des carrières politiques, tranchent avec la défiance et la relative indulgence dont fait montre l'opinion française.

La femme de chambre "n'est pas la victime parfaite? Elle n'a pas à l'être", écrit ainsi LisaL, sur le site internet du quotidien. "Ce qui importe, c'est ce qui s'est passé dans cette chambre, pas son passé".

"Nous ne connaîtrons jamais la vérité pleine et entière. Mais c'est très suspect qu'on la salisse maintenant", écrit DC Lambert, du New Jersey.

"Depuis le début, c'est parole contre parole, et il était évident que DSK ferait tout, avec le pouvoir financier dont il dispose, pour salir sa réputation ou l'acheter. Ou les deux".

Pour Tracey JS, du New Jersey, "le viol ne frappe pas que les innocents". "Oui, on peut être une menteuse, une voleuse, une immigrée clandestine ou tout simplement une mauvaise personne ET être violée".

D'autres lecteurs mettent en cause le système judiciaire accusatoire américain, qui sert selon eux les nantis.

"Il est intéressant de voir comment les procureurs, si habitués à utiliser l'argent et le pouvoir publics pour malmener des gens sans relations et sans ressources, se plantent lamentablement dès qu'il s'agit de poursuivre des riches ou des célébrités", déclare "DD", de Los Angeles.

Nelson Alexander, de New York, est sans illusions. "Tout dépend de qui IL est et de qui ELLE est. Quand vous êtes riche et puissant et que vous vous payez les services d'avocats et d'enquêteurs à coups de dollars, vous avez la Une du New York Times et vous salissez la plaignante".

Conclusion désabusée : "Les riches ne vont jamais, jamais, en prison, à moins qu'ils ne fassent du mal à d'autres riches".

Une voix discordante, celle de "RonNV", de Las Vegas, réclame des "excuses publiques" pour Dominique Strauss-Kahn.

"Les procureurs de New York se croient au temps de la Russie communiste".

Sophie Louet avec Pauline Mével, édité par Yves Clarisse

REUTERS