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Municipales: "l'électorat de droite est plus mobilisé en 2014"

La gauche, en difficulté face à la droite pour les municipales, s'inquiète du taux d'abstention (photo d'illustration).

La gauche, en difficulté face à la droite pour les municipales, s'inquiète du taux d'abstention (photo d'illustration). - -

LE MATCH DES MUNICIPALES - Alors qu'un sondage CSA pour BFMTV, "Le Figaro" et Orange indique que le rapport de force est favorable à la droite en vue des municipales, décryptage avec Yves-Marie Cann, de l'Institut CSA.

A un mois des élections municipales, un sondage exclusif CSA pour BFMTV, Le Figaro et Orange diffusé mercredi indique que le rapport de force est favorable à la droite. Dans ce sondage, les listes de l'UMP et du centre devancent celles de la gauche dans les villes de plus de 3.500 habitants. La droite profite-t-elle d'un mécontentement envers le gouvernement? La gauche peut-elle revenir? Eléments de réponses avec Yves-Marie Cann, de l'Institut CSA.

Le gouvernement a lancé cette semaine une campagne contre l'abstention. Au vu de votre sondage, le PS a-t-il raison de s'inquiéter?

On voit dans les résultats que 57% des sondés sont certains d'aller voter. C'est 5 points de plus qu'en janvier, mais cela laisse tout de même présager une participation inférieure à celle de 2008 (66,5%). L'enjeu de la mobilisation est fort, tant pour la gauche que la droite. Mais il y a un meilleur potentiel à droite qu'à gauche, puisque 66% des électeurs de droite sont prêts à aller voter, contre 62% des électeurs de gauche.

Dans ces conditions, on comprend que la gauche se mobilise et notamment chez les jeunes. Seuls 36% des 18-24 ans sont certains d'aller voter au premier tour, contre 69% des 65 ans et plus.

Le rapport de force est favorable à la droite: le contexte national y est-il pour quelque chose?

Les élections municipales restent des élections locales pour une grande majorité (68%). Mais lorsqu'on regarde le rapport de force pour chaque camp, la totalisation des voix de gauche baisse de 4 à 5 points par rapport à 2008. Une baisse qui montre que le contexte national influe. Aujourd'hui, la situation est difficile pour l'exécutif et cela s'en ressent sur les intentions de vote de la gauche.

Cela s'explique par la déception et le mécontentement vis-à-vis du gouvernement, ainsi que par le manque de mobilisation. Comme on l'a dit plus haut, l'électorat de droite est plus mobilisé en 2014. Mais c'était l'inverse en 2008: la droite était au gouvernement, l'électorat de gauche était plus mobilisé.

Avec 43% des intentions de vote pour la gauche, on voit qu'il y a une certaine solidité, une résistance. Mais le curseur se déplace de 4 à 5 points par rapport à 2008: cela signifie que certaines villes que la gauche aurait pu gagner de justesse risquent de lui échapper. Ce qui se profile, c'est des scores à gauche qui risquent d'être inférieurs à ceux réalisés en 2008 - qui étaient déjà peu satisfaisants.

Avec 8% d'intentions de vote, le Front national baisse d'un point par rapport à janvier. A-t-il atteint son plafond de verre?

La première clé de lecture à avoir sur le Front national, c'est que notre sondage a été réalisé sur l'offre réelle, c'est-à-dire les candidatures déjà annoncées publiquement. Or le Front national ne sera pas présent partout: peu à peu, les villes où il sera présent sont connues, et c'est ce qui explique le score réduit d'un point. Cela explique aussi le petit score de 2008: à l'époque, le FN n'était présent que dans 80 villes. En 2014, il devrait l'être dans 400 à 500 villes. Son score évolue donc mécaniquement.

Mais le FN bénéficie également d'un terrain favorable, lié au mécontentement à gauche et à une droite encore convalescente après sa crise interne. S'il est aujourd'hui à 8%, cela signifie qu'il devrait dépasser les 10% dans de nombreuses villes, et devrait provoquer un certain nombre de triangulaires. Cela pourrait par exemple être le cas à Marseille.

A. K.