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Politique

Solère: le ministrable finalement député "lambda"

Thierry Solère

Thierry Solère - PATRICK KOVARIK / AFP

Cruelle désillusion pour Thierry Solère: celui qui se voyait ministre d'Édouard Philippe n'est plus "que" député de la majorité.

Il n'a pas tiré les marrons du feu. L'entêtement de Thierry Solère à vouloir conserver le poste de questeur de l'Assemblée nationale, jusqu'à sa décision de renoncer mardi, n'a pas été du meilleur effet au sein de la majorité. L'arrivée chez La République en marche de l'ancien hiérarque des Républicains, passé par le groupe "Constructifs" à l'Assemblée nationale, ne provoque pas l'euphorie dans les rangs macronistes.

"Il ne sera qu'un député parmi les 314 qui composent la majorité dans l'hémicycle. Alors il va devoir faire preuve de beaucoup d'humilité", grince dans Le Parisien un député marcheur.

Ambition ministérielle

Un statut de "député lambda" dont l'ancien organisateur de la primaire à droite ne devrait pas se satisfaire. Dans les coulisses des tractations entre Emmanuel Macron et plusieurs personnalités des Républicains - dont Édouard Philippe - Thierry Solère espérait décrocher un maroquin à la faveur de l'OPA lancée par Emmanuel Macron sur l'aile gauche de LR.

"Si je rentre, c'est pour être ministre, pas moins", confiait en privé le député des Hauts-de-Seine. 

Perdu. Thierry Solère restera à la porte du gouvernement d'Édouard Philippe. Si sa participation active à l'atomisation de la droite, en tant que chef de file des LR Constructifs, fut un beau cadeau adressé à Emmanuel Macron, le président de la République a désormais toutes les raisons de se méfier de l'élu de Boulogne-Billancourt.

"Vu ses états de services ces derniers mois, notamment la façon dont il a trahi sa famille politique d'origine, puis la manière dont il vient de lâcher ses amis constructifs, il va se passer un bon moment avant que Macron lui fasse confiance", confirme dans Le Parisien un député LREM. 

Aller simple

Évidemment, le chemin pris par celui que Nadine Morano qualifiait de "traître" et de "sale type" est un sens unique. Chez Les Républicains, on tire à vue sur Thierry Solère. Un gradé de LR:

"C'est quand même le type qui, au lendemain du premier tour de la présidentielle, topait avec François Baroin pour être le porte-parole de la campagne des Républicains aux législatives... tout en négociant en coulisse un ralliement à Macron."

L'un de ses collègues:

"Vous avez déjà rencontré un escroc de la politique? Ben voilà. C'est un type volubile et sympa, mais derrière..."

Un troisième, commentant son passage chez LREM:

"Une traîtrise de plus, dans la simple continuité de son parcours politique."

Voilà Thierry Solère habillé pour l'hiver. L'intéressé ne se laisse pas abattre, et renvoie volontiers ses détracteurs à leurs propres turpitudes, comme ici dans Le Figaro: "Quand je vois le comportement de monsieur Ciotti à l’égard de Christian Estrosi à qui il doit tout, en matière de trahison, je vois qu’il s’y connaît très bien."

Chez Les Républicains, anciens ou actuels, chacun est le "traître" de l'autre.

Louis Nadau