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Semaine décisive pour d'ultimes négociations à Air France

Les syndicats d'Air France, qui se prononceront à partir de vendredi sur le plan de restructuration de la compagnie en difficulté, se montrent partagés, à la fois rassurés par l'engagement de l'absence de licenciement sec jusqu'à la fin 2014 mais inquiets

Les syndicats d'Air France, qui se prononceront à partir de vendredi sur le plan de restructuration de la compagnie en difficulté, se montrent partagés, à la fois rassurés par l'engagement de l'absence de licenciement sec jusqu'à la fin 2014 mais inquiets - -

par Cyril Altmeyer PARIS (Reuters) - Les syndicats d'Air France, qui se prononceront à partir de vendredi sur le plan de restructuration de la...

par Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - Les syndicats d'Air France, qui se prononceront à partir de vendredi sur le plan de restructuration de la compagnie en difficulté, se montrent partagés, à la fois rassurés par l'engagement de l'absence de licenciement sec jusqu'à la fin 2014 mais inquiets de la perte de nombreux acquis qui vont modifier la vie des salariés.

La compagnie Air France, largement responsable des pertes du groupe de transport aérien franco-néerlandais AF-KLM, veut réduire ses coûts de 20%, soit de 1,8 milliard d'euros, d'ici à fin 2014. La moitié devrait provenir des 5.122 réductions de postes prévues d'ici à fin 2013.

Les négociations pour le personnel au sol, qui représente la grande majorité des 49.300 salariés sous contrat français, se sont conclues vendredi sur un projet d'accord. Les organisations syndicales consultent leurs adhérents, voire l'ensemble des salariés, dans le but de définir leurs positions jeudi.

Chez les hôtesses, stewards et pilotes, les discussions se poursuivent toujours dans l'espoir d'aboutir à la fin de la semaine ou la semaine prochaine.

Selon les syndicats, Air France a donné son assurance de ne procéder à aucun licenciement sec jusqu'à la fin 2014 - et non plus jusqu'à la fin 2013 comme il l'avait indiqué lors du chiffrage des 5.122 réductions de postes il y a dix jours.

De même, la compagnie s'est engagée sur le maintien du périmètre et sur une clause de "retour à bonne fortune" si elle redevient bénéficiaire dans trois ans et que la conjoncture le permet, ajoutent-ils.

"C'est un projet un peu rude car il contient un certain nombre de renoncements à des acquis sociaux. Le choix n'est pas facile et les avis divergent au sein des organisations", a estimé Béatrice Lestic, secrétaire générale de la CFDT d'Air France.

"Notre première préoccupation, c'est emploi. Sur ce point-là, on a préservé l'essentiel".

La CGT, le premier syndicat d'Air France, a de son côté annoncé la semaine dernière son intention de ne pas voter les accords et continue à douter des dernières concessions de la direction.

"On n'a aucune confiance dans la clause de retour à meilleure fortune. On imagine mal que l'entreprise nous rendra les acquis perdus car on pense que le plan de trois ans n'aura pas produit les effets qu'on nous vend aujourd'hui", a déclaré David Ricatte, secrétaire national du syndicat chez Air France.

La CGT, qui présente sa position aux salariés, n'a pas exclu d'appeler à la grève.

Force ouvrière organise de son côté un référendum auprès des salariés. Elle donnera sa position jeudi, tout comme la CFDT.

RISQUE

Le refus des syndicats de signer les accords prévus par le plan pourrait déboucher sur un conflit social au moment même des grands départs en vacances et empêcher une remontée du cours de Bourse d'Air France-KLM, les marchés attendant beaucoup de l'issue des négociations.

L'action AF-KLM recule de 5,7% depuis le 1er janvier après une chute de près de 70% en 2011.

Pour être adoptés, les accords devront être signés par un ou des syndicats disposant au total de plus de 30% des voix au sein d'Air France et ne devront pas être contestés par un ou des syndicats représentant au total plus de 50% des suffrages.

Chez les pilotes, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a fait savoir qu'il ne communiquerait pas sa position cette semaine, du moins tant que les discussions continuent. Elles se poursuivent aussi chez les personnels navigants commerciaux où elles butent notamment sur les temps de récupération entre deux vols que la direction voudrait réduire, selon des syndicats.

"Il faut redonner de la productivité à l'entreprise mais il faut que ce soit supportable en termes de rythmes de travail", a souligné Jean-Marc Quattrochi, secrétaire général de l'Union des navigants de l'aviation commerciale (Unac), le premier syndicat chez les personnels navigants commerciaux. "On doit trouver les bons équilibres. On est en voie de convergence".

Air France n'était pas immédiatement disponible pour un commentaire.

Le PDG d'Air France, Alexandre de Juniac, a lancé vendredi un appel aux syndicats de la compagnie aérienne pour qu'ils signent le plan "Transform 2015", condition selon lui d'un retour de la croissance en 2014.

Cyril Altmeyer, édité par Matthias Blamont