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Sarkozy voit une polémique politicienne dans le dossier Karachi

L'ATTENTAT ANTIFRANÇAIS DE KARACHI

L'ATTENTAT ANTIFRANÇAIS DE KARACHI - -

LISBONNE (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis samedi la transmission à la justice de tous les documents relatifs à l'attentat dans lequel ont péri...

LISBONNE (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis samedi la transmission à la justice de tous les documents relatifs à l'attentat dans lequel ont péri 11 Français en 2002 à Karachi et dénoncé une polémique politicienne "qui n'a pas lieu d'être".

Des familles des victimes - 11 salariés de la Direction des chantiers navals (DCN) - demandent à la justice l'audition comme témoin du président français, de son prédécesseur Jacques Chirac et de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin.

Le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke essaye d'établir s'il y a ou non un lien entre cet attentat et une affaire de rétro-commissions versées à l'occasion de la vente au Pakistan, en 1994, de sous-marins fabriqués par la DCN.

"Le ministre de la Défense comme moi-même sommes décidés à ce que tous les documents qui seront demandés soient communiqués en temps et heure", a dit Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse en marge du sommet de l'Otan.

"A ma connaissance aujourd'hui pas un document n'a été refusé", a-t-il ajouté.

Le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a refusé de transmettre à Renaud Van Ruymbeke les délibérations sur les comptes de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 car elles sont couvertes par le secret pendant 25 ans.

Le juge espérait éclaircir avec ce document l'origine de versements en espèces non justifiés de plus de 13 millions de francs.

Le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a également refusé au juge d'instruction Marc Trévidic la transmission des témoignages de protagonistes entendus par une mission parlementaire.

"CALOMNIES"

"La justice est saisie, qu'elle fasse son travail et qu'on n'essaye pas de coller dessus des commentaires politiciens qui ne sont vraiment pas à la hauteur de la douleur des familles qui ont perdu leurs proches", a insisté Nicolas Sarkozy.

Selon l'ex-ministre de la Défense Charles Millon et l'ancien secrétaire général de l'Elysée Dominique de Villepin, Jacques Chirac a ordonné après son élection en 1995 l'arrêt du paiement des commissions parce qu'il soupçonnait qu'une partie de cet argent revienne en France.

Selon une piste suivie par la justice, ces rétro-commissions auraient servi à financer la campagne de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur. Nicolas Sarkozy était à l'époque ministre du Budget et porte-parole de campagne d'Edouard Balladur, rival de Jacques Chirac au sein du RPR dans la course à l'Elysée.

Dominique Villepin, qui était en 1995 secrétaire général de l'Elysée, a aussi déclaré vendredi que des soupçons de corruption avaient conduit Jacques Chirac à arrêter le versement des commissions au Pakistan, ce qui pourrait être à l'origine de l'attentat de Karachi.

Les propos de Dominique de Villepin, déjà à couteaux tirés avec Nicolas Sarkozy à propos d'une affaire de faux listing de la société luxembourgeoise Clearstream, ont fait rebondir la polémique autour de ce que le chef de l'Etat a qualifié de "fable" en juin 2009.

L'Elysée a de nouveau démenti vendredi, dans un long communiqué toute implication de Nicolas Sarkozy dans cette affaire de commissions et de rétro-commissions.

"Le communiqué était extrêmement précis (...) Il dit tout ce qu'il y avait à dire, il fait lie de toutes les calomnies, il montre la réalité des choses", a déclaré le chef de l'Etat.

"Je n'entretiendrai pas une polémique qui n'a pas lieu d'être", a-t-il poursuivi. "Le minimum de dignité c'est de respecter la douleur de ces familles. Ces familles veulent la vérité. Pourquoi y a-t-il eu cet attentat ? C'est ça qui compte et que la justice fasse son travail."

Emmanuel Jarry et Julien Toyer, édité par Clément Guillou