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Sarkozy s'opposerait à une offre "de gauche" pour Le Monde

Le Chef de l'Etat serait contre une offre "de gauche" pour la reprise du quotidien Le Monde

Le Chef de l'Etat serait contre une offre "de gauche" pour la reprise du quotidien Le Monde - -

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a reçu cette semaine le directeur du Monde pour lui dire son opposition à une offre de reprise d'un trio d'investisseurs catalogués à gauche, apprend-on de source interne au groupe de presse.

L'Elysée n'a pas confirmé la rencontre entre le président français et Eric Fottorino, qui a eu lieu en début de semaine.

Les repreneurs potentiels avaient officiellement jusqu'à la mi-journée vendredi pour déposer leur offre.

Le groupe Le Monde, qui comprend le quotidien et son site internet, les magazines La Vie, Télérama, Courrier international et Le Monde diplomatique et une filiale imprimerie, est étranglé par les dettes et doit trouver d'ici la fin du mois plusieurs dizaines de millions d'euros pour assurer son avenir.

Le groupe de presse espagnol Prisa, déjà actionnaire du groupe Le Monde, a exprimé son intérêt de même qu'un trio composé du banquier de Lazard Matthieu Pigasse, du mécène Pierre Bergé et du fondateur de Free, Xavier Niel.

Claude Perdriel, P-DG du Nouvel Observateur, a confirmé vendredi à Reuters avoir déposé une lettre d'intention pour la reprise du Monde visa une holding spécialement créée et dotée de 80 millions d'euros. Il contrôlera cette holding qui accueillera des partenaires minoritaires.

Les groupes suisse Ringier et italien L'Espresso ont jeté l'éponge cette semaine.

Jeudi, le directeur général d'Orange, Stéphane Richard, a déclaré que l'opérateur était prêt à consacrer si nécessaire quelques dizaines de millions d'euros au Monde.

Selon une source interne, lors du rendez-vous entre Eric Fottorino et Nicolas Sarkozy, ce dernier "a clairement affiché son opposition à l'offre de Pigasse, Niel, Bergé".

Le chef de l'Etat "a menacé de ne pas donner des aides de l'Etat pour le sauvetage de l'imprimerie du Monde si le trio était choisi", a ajouté cette source.

L'ÉCHÉANCE POUR LES OFFRES REPORTÉE ?

Des commentateurs voient dans cette offre une machine de guerre pour le parti socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2012.

Matthieu Pigasse, 41 ans, directeur général de Lazard France et propriétaire du magazine les Inrockuptibles, a travaillé dans les cabinets de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius au ministère de l'Economie.

Pierre Bergé, connus pour ses sympathies socialistes, finance en partie, entre autres, les bureaux de Ségolène Royal à Paris.

Selon le site internet des Echos, Claude Perdriel a envoyé jeudi une lettre d'intention pour la reprise du Monde, via une holding spécialement créée et dotée de 80 millions d'euros.

Il aurait demandé à la banque Calyon un délai jusqu'au début de la semaine prochaine pour déposer une offre ferme.

Claude Perdriel n'a pas souhaité faire de commentaires.

Faute de temps pour évaluer les offres, les décisions sur le calendrier et la date des offres finales pourraient être prises lundi lors de la réunion du conseil de surveillance du Monde.

La Société des rédacteurs du Monde a proposé de repousser la date-butoir pour les offres jusqu'au 21 juin, la direction penche pour le 18 juin, a dit une source interne au Monde.

Pour l'instant, la SRM, qui s'est réunie en assemblée générale jeudi, n'a pas exprimé de préférence entre les offres annoncées.

Certains commentateurs s'interrogent sur les motivations de France Télécom pour un groupe de presse abritant un quotidien aussi influent que Le Monde.

Ancien directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, Stéphane Richard dirige un groupe dont l'Etat détient toujours directement et indirectement près de 27% du capital.

Leila Abboud, avec Laure Bretton et Cyril Altmeyer, édité par Yves Clarisse