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Politique

Sarkozy réaffirme qu'il décidera s'il se représente en 2011

En marge du sommet de Washington sur la prévention du terrorisme nucléaire, Nicolas Sarkozy a réaffirmé lundi qu'il déciderait en 2011, "quelque part à la fin de l'été" ou au "début de l'automne", s'il briguerait un second mandat lors de l'élection présid

En marge du sommet de Washington sur la prévention du terrorisme nucléaire, Nicolas Sarkozy a réaffirmé lundi qu'il déciderait en 2011, "quelque part à la fin de l'été" ou au "début de l'automne", s'il briguerait un second mandat lors de l'élection présid - -

WASHINGTON - Nicolas Sarkozy a réaffirmé lundi qu'il déciderait en 2011, "quelque part à la fin de l'été" ou au "début de l'automne", s'il...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - En chute libre dans les sondages, Nicolas Sarkozy est victime d'une crise de défiance dans l'opinion mais les spécialistes estiment qu'il est trop tôt pour tirer un trait sur ses chances de réélection en 2012.

Le chef de l'Etat a vu sa cote reculer de plusieurs points dans les enquêtes publiées depuis la déroute de la majorité aux régionales du mois dernier, pour se situer entre un plus haut de 37% chez Viavoice et un plancher de 28% chez TNS-Sofres.

Seul Jacques Chirac était tombé plus bas au cours de son second mandat. Cette situation suscite des remous à l'UMP où quelques voix se sont élevées pour dire que Nicolas Sarkozy ne serait pas forcément le meilleur candidat en 2012.

Pour François Miquet-Marty, directeur de l'institut Viavoice, le chef de l'Etat affronte une triple crise: "Une crise de projet, l'opinion ne voit pas très bien où il veut aller ; une crise de présidentialité, avec une image personnelle écornée ; et surtout une crise de crédibilité".

Dans ce contexte économique, marqué par la hausse du chômage, "la parole sarkozyste, qui était celle de l'efficacité de l'action politique, les gens n'y croient plus trop", dit-il.

Frédéric Dabi, directeur du département opinion de l'Ifop, souligne que la popularité du chef de l'Etat avait bénéficié de sa bonne gestion de la crise financière en 2008 mais qu'elle s'est fortement dégradée "une fois qu'on est passé aux effets concrets de la crise sur l'emploi et le pouvoir d'achat, les principales priorités des Français".

"Il y a un vrai sentiment de déception, voire de trahison", ajoute-t-il en rappelant le slogan "travailler plus, gagner plus" martelé par Nicolas Sarkozy à son arrivée à l'Elysée.

DIMENSION PERSONNELLE

"Pour l'opinion, ses mauvais résultats ont été ressentis d'autant plus durement qu'il avait laissé entendre qu'il suffisait de vouloir pour pouvoir, qu'il était dans la rupture", renchérit le politologue Paul Bacot.

Il juge en outre que la "dimension personnelle complique les choses" pour Nicolas Sarkozy.

Des événements comme le projet de nomination de son fils à la présidence de l'Epad (Etablissement public d'aménagement de La Défense) ou les circonstances de l'arrivée à la tête d'EDF d'Henri Proglio, qui exigeait de conserver en parallèle ses fonctions et sa rémunération chez Veolia, ont de fait contribué à accentuer cette défiance.

"Ils ont introduit l'idée qu'il s'occupe plus de lui, de sa situation présidentielle, de celle de ses proches que de celle des Français", dit François Miquet-Marty. Selon lui, ce sentiment a encore été amplifié par la façon dont l'Elysée a réagi aux récentes rumeurs autour du couple présidentiel.

Pour Frédéric Dabi, il est trop tôt pour dire si les mesures décidées au lendemain des régionales, comme l'abandon de la taxe carbone, permettront à Nicolas Sarkozy d'enrayer sa chute.

Si délicate que soit la passe qu'il traverse actuellement, le responsable de l'Ifop estime néanmoins qu'il ne faut pas pour autant enterrer ses chances pour un deuxième mandat.

"Ses capacités de rebond sont d'abord conjoncturelles", dit-il. Un recul du chômage, que le gouvernement annonce pour 2011, "permettrait de redonner de la cohérence à son action".

"Il peut compter aussi sur des divisions éventuelles de la gauche", la période des primaires pour la présidentielle étant susceptible de réveiller les tensions en son sein.

DES DYNAMIQUES PAS IRRÉVERSIBLES

François Miquet-Marty relève sur ce dernier point que la bonne cote actuelle du premier secrétaire du PS, Martine Aubry, tient essentiellement au fait que les divergences internes aux socialistes semblent s'atténuer.

"Les dynamiques qu'on observe aujourd'hui en faveur de la gauche et au détriment de l'UMP et de Nicolas Sarkozy ne sont pas irréversibles", prédit-il.

Il fait valoir aussi que les enquêtes d'opinion montrent que la gauche n'est pas jugée plus crédible que le gouvernement sur la réponse à apporter aux préoccupations des Français.

"Ils sont sur un pied d'égalité", dit-il en soulignant que, pour Nicolas Sarkozy, l'enjeu est de construire un projet pour 2012, qui sera forcément différent de celui de 2007.

"Il est au pied du mur, contraint de réinventer un projet. Il a les atouts pour le faire, il est toujours chef de la majorité, reconnu comme le leader par les sympathisants UMP."

Selon lui, Nicolas Sarkozy possède une autre carte, celle de la fonction présidentielle "que les gens reconnaissent". "Il peut s'appuyer sur ce rôle de père de la Nation qui existe toujours", déclare-t-il.

Très critique du style du chef de l'Etat, Paul Bacot juge au contraire qu'il ne peut se prévaloir de l'image de "président au-dessus de la mêlée, dont on n'ose pas dire n'importe quoi parce que lui-même se tient à distance, au-dessus, et se contrôle".

"Il a détruit le statut du président et il n'a même plus cette arme. Il n'a plus que le côté juridique de la fonction."

Edité par Sophie Louet