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Sarkozy promet une refonte de la politique du médicament

Nicolas Sarkozy a promis jeudi une refonte "en profondeur" de la politique française du médicament, à la suite de l'affaire du Mediator, accusé d'être responsable d'au moins 500 morts. /Photo d'archives/REUTERS/Jacky Naegelen

Nicolas Sarkozy a promis jeudi une refonte "en profondeur" de la politique française du médicament, à la suite de l'affaire du Mediator, accusé d'être responsable d'au moins 500 morts. /Photo d'archives/REUTERS/Jacky Naegelen - -

par Emmanuel Jarry CHATILLON-SUR-INDRE, Indre (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis jeudi une refonte "en profondeur" de la politique française du...

par Emmanuel Jarry

CHATILLON-SUR-INDRE, Indre (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis jeudi une refonte "en profondeur" de la politique française du médicament, à la suite de l'affaire du Mediator, accusé d'être responsable d'au moins 500 morts.

Le chef de l'Etat a précisé devant plusieurs centaines de représentants du monde de la santé rassemblés dans un gymnase de Châtillon-sur-Indre, dans le centre de la France, que des décisions seraient prises dès la mi-2011.

"Il faut tirer toutes les leçons de ce dossier", a déclaré le président de la République lors de ses voeux aux personnels de santé. "Nous allons donc engager une démarche de refondation en profondeur de notre politique du médicament."

Il a expliqué qu'il fallait "resserrer les mailles du filet" du système de pharmacovigilance "au travers de procédures plus réactives et d'autorités publiques plus efficaces", une réponse à la mise en cause de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) dans l'affaire du Mediator.

Il a également dit vouloir renforcer la "garantie absolue d'indépendance, de transparence et d'impartialité" des décisions sur les médicaments et aider les prescripteurs face à la double pression des patients et des laboratoires pharmaceutiques.

Tous les secteurs concernés - patients, prescripteurs, autorités de régulation, industriels, experts - seront associés à cette démarche, a-t-il ajouté.

Le Mediator, un antidiabétique prescrit comme coupe-faim fabriqué par le laboratoire Servier, est accusé selon les évaluations d'avoir causé en France 500 à 2.000 morts avant d'être retiré du marché en 2009, longtemps après d'autres pays occidentaux et est au coeur de multiples procédures judiciaires.

SARKOZY "COMPREND" LA COLÈRE DES VICTIMES

Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) remis samedi dernier au ministre du Travail et de la Santé Xavier Bertrand accable à la fois le laboratoire et le système français de surveillance sanitaire.

Les doutes sur l'utilité médicale et la nocivité du Mediator, prescrit à au moins cinq millions de personnes entre 1976 et 2009, sont connues depuis la fin des années 1990.

Mais ce médicament à base de benfluorex a bénéficié jusqu'à son retrait d'une grande tolérance des agences sanitaires et les ministres de la Santé successifs, dont Xavier Bertrand, affirment n'avoir jamais été alertés sur sa dangerosité.

L'Igas estime dans son rapport que le Mediator, responsable selon plusieurs études de maladies cardiaques graves, aurait dû être interdit dès 1999. Elle reproche aussi à Servier de l'avoir commercialisé sous l'indication thérapeutique "antidiabétique", qui ne correspondait pas à la réalité.

Xavier Bertrand a déjà annoncé, à la suite de la remise de ce rapport, son intention de prendre des mesures pour réformer le système français du médicament et lutter contre les conflits d'intérêts au sein de ce système.

Une liste de 76 médicaments à risque doit lui être transmise avant la fin du mois, dont une quarantaine figurent déjà sur une liste de surveillance de l'Afssaps, comme l'adjuvant de lutte contre l'obésité Alli du laboratoire GSK.

Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi qu'il comprenait l'incompréhension et la colère des familles des victimes du Mediator et partageait leur peine.

Edité par Yves Clarisse