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Politique

Sarkozy pratique la diplomatie du tourisme

Nicolas et Carla Sarkozy sont arrivés ce mercredi matin en Chine pour une visite d'Etat de trois jours au cours de laquelle le président français mêlera tourisme et diplomatie au service de la réconciliation franco-chinoise. Le couple présidentiel françai

Nicolas et Carla Sarkozy sont arrivés ce mercredi matin en Chine pour une visite d'Etat de trois jours au cours de laquelle le président français mêlera tourisme et diplomatie au service de la réconciliation franco-chinoise. Le couple présidentiel françai - -

Nicolas et Carla Sarkozy sont arrivés ce mercredi matin en Chine pour une visite d'Etat de trois jours au cours de laquelle...

par Emmanuel Jarry

PEKIN (Reuters) - La France et la Chine se sont promis mutuellement mercredi une coopération économique et diplomatique renforcée, au premier jour de la visite d'Etat de Nicolas et Carla Sarkozy, dont toute aspérité a été gommée.

Après leurs entretiens, le président français et son homologue chinois Hu Jintao ont fait assaut d'amabilités lors de deux monologues devant des journalistes qui n'ont pas eu la possibilité de poser de questions.

La délégation française a tout fait pour éviter que le moindre propos susceptible de froisser les dirigeants chinois nuise à l'objectif affiché de cette deuxième visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Chine en trois ans : tourner définitivement la page des tensions franco-chinoises de 2008 sur le Tibet.

Contrairement à sa première visite d'Etat en Chine en 2007, le président français s'est abstenu d'évoquer en public la question des droits de l'homme, toujours sensible pour Pékin.

Les deux présidents ont mis une sourdine à leurs divergences sur les questions monétaires comme sur le nucléaire iranien.

La refonte du système financier international doit mettre l'accent sur la réforme du système monétaire international, que Nicolas Sarkozy veut mettre au menu du sommet du G20 sous présidence française en 2011, a ainsi dit Hu Jintao.

"La Chine soutient la France dans l'organisation du sommet du G20 de l'année prochaine", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy, qui a souvent taxé la Chine de "dumping monétaire" a dit avoir la conviction qu'il était "parfaitement improductif de s'accuser les uns les autres".

France et Chine partagent aussi l'objectif d'empêcher l'Iran d'acquérir l'arme atomique, a-t-il dit, sans pouvoir dissimuler des divergences persistantes sur les moyens d'y parvenir.

SARKOZY PROPOSE DEUX EPR DE PLUS À LA CHINE

Paris pousse à des sanctions internationales renforcées contre Téhéran alors que la Chine, qui craint que celles-ci portent atteinte à ses intérêts économiques en Iran et, au-delà, à l'économie mondiale, garde le pied sur le frein.

Nicolas Sarkozy s'est efforcé de convaincre Hu Jintao que la crise serait pire si la communauté internationale ne parvenait pas à convaincre les dirigeants iraniens de revenir à la table des négociations avant qu'il ne soit trop tard.

Il a dit comprendre que la Chine "souhaite donner toute sa chance au dialogue" mais estimé que le moment de voter des sanctions au conseil de sécurité de l'ONU approchait.

Hu Jintao, dont le pays a contribué à l'échec du sommet de Copenhague sur le climat, fin 2009, par son intransigeance, a pour sa part promis de faire avancer avec la France la coopération internationale contre le changement climatique.

Aucune signature d'accord commercial n'est prévue au cours de ce voyage - les éventuelles annonces sont réservées à une visite d'Etat du président chinois cet automne en France.

En attendant, Nicolas Sarkozy a proposé l'ouverture de négociations sur la fourniture à la Chine de deux réacteurs nucléaires de troisième génération supplémentaires, ce qui porterait à quatre les EPR vendus par la France à ce pays.

"Notre collaboration dans le nucléaire civil est absolument stratégique pour nous", a expliqué Nicolas Sarkozy au début d'un entretien élargi aux délégations avec Hu Jintao.

Au-delà du nucléaire et de l'aéronautique, les deux chefs d'Etat ont souhaité un développement des relations économiques franco-chinoises dans de nouveaux domaines. "L'environnement, l'agroalimentaire et la finance seront des domaines prioritaires de développement de nos relations", a dit Nicolas Sarkozy.

ATTENTIONS

La Caisse des dépôts et consignations et la China Development Bank doivent ainsi signer un accord créant un fonds de 500 millions d'euros au profit des PME françaises et chinoises.

Lors du dîner offert en l'honneur du couple présidentiel français Nicolas Sarkozy a offert à son hôte deux stylos de luxe, tandis que la fanfare de l'Armée populaire de libération chinoise entonnait deux chansons de Carla Bruni - une attention adressée autant à la première dame qu'à la chanteuse.

Le China Daily, quotidien en langue anglaise, avait bien rappelé mercredi matin dans un éditorial le passage mouvementé à Paris, "sous les yeux de la police" française, de la flamme olympique des Jeux de Pékin, au printemps 2008, et la rencontre, quelque temps plus tard, de Nicolas Sarkozy avec le Dalaï Lama.

Mais pour souligner aussitôt que les relations entre les deux pays étaient désormais revenues à la normale.

"Le président Sarkozy et moi (...) estimons qu'il faut s'en tenir au principe de respect mutuel, d'égalité, de bénéfices mutuels et de développement partagé", a déclaré Hu Jintao. "Nous sommes unanimes à estimer que la présente visite du président Sarkozy en Chine a ouvert une nouvelle page dans les relations sino-françaises."

Nicolas et Carla Sarkozy avait entamé mercredi matin par une étape dans l'ancienne ville impériale de Xian cette visite de trois jours qui comprend un important volet touristique.

Edité par Jean-Baptiste Vey