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Politique

Sarkozy, les banques et les bonus

Le chef de l'Etat souhaite notamment "vérifier le respect par les banques françaises des règles adoptées par le G20 de Londres, notamment en matière de rémunérations".

Le chef de l'Etat souhaite notamment "vérifier le respect par les banques françaises des règles adoptées par le G20 de Londres, notamment en matière de rémunérations". - -

« Moraliser le capitalisme ». En pleine polémique sur le scandale des bonus des traders, les promesses de Nicolas Sarkozy semblent bien loin. Le gouvernement aurait-il raté l'occasion de serrer la vis aux banquiers ?

Au lendemain de nouveaux scandales de bonus et autres délits d'initiés dans différentes banques françaises, les représentants de celles-ci rencontrent ce vendredi 7 août à Matignon les collaborateurs du Premier ministre François Fillon. Officiellement, ils doivent parler de la reprise du marché du crédit, mais en vérité les bonus seront au centre des discussions.
Les bonus, une affaire qui fait sortir la ministre de l'Economie de ses vacances. Christine Lagarde a en effet demandé à la Banque de France « d'exercer une extrême vigilence ». Le gouvernement aurait-il raté l'occasion de serrer les boulons des traders à l'automne dernier ? Christophe Jakubyszyn, rédacteur en chef de RMC, analyse la situation.

Les promesses de Sarkozy

Lors du fameux discours de Toulon le 25 septembre 2008, Nicolas Sarkozy avait promis de réformer le capitalisme et notamment la rémunération des traders : « Si l'on veut reconstruire un système financier viable, la moralisation du capitalisme financier est une priorité ? Je n'hésite d'ailleurs pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être désormais encadrés. Il y a eu trop d'abus. Il ya eu trop de scandales. Alors, ou bien les professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables, ou bien le gouvernement de la République, règlera le problème par la loi, avant la fin de l'année. »

Les promesses des banques

Le gouvernement a renoncé à légiférer, car entre temps la profession bancaire a signé un « code éthique » : un code dans lequel les banques promettent de mettre un terme aux abus. Ils ont promis de ne plus faire des bonus chaque trimestre, mais de prendre en compte la performance des traders sur le long terme [1 an par exemple]. Et si un trader gagne beaucoup d'argent sur une opération, au lieu de lui donner tout de suite un bonus, on attend de voir au fil de l'année combien cette opération de marché rapporte finalement à la banque, ou si au contraire elle lui coûte de l'argent.
Des promesses que Beaudoin Prot, le directeur général de BNP Paribas, a réaffirmées le 4 août dernier, lors de la sortie des résultats de la banque : « Nous avons changés », a-t-il assuré.

Mais la réalité est autre...

Il y a ces derniers temps une forte hausse des marchés financiers [par exemple, 12% en 6 mois pour le CAC 40]. Résultat, les banques en profitent pour se refaire une santé sur les activités de marché. Elles ont encore beaucoup de pertes sur les actifs, les immobiliers, etc. mais elles se rendent compte qu'elles peuvent gagner beaucoup d'argent en spéculant. Les traders leur rapportent donc beaucoup d'argent en ce moment, tout comme le montre le milliard d'euros de bonus découvert récemment par le journal Libération dans les comptes de la BNP. Cette dernière n'étant pas la seule évidemment : les frais de gestion [dans lesquels sont incorporés les bonus] de la Société Générale ont augmenté de 18% pour le seul deuxième trimestre 2009.

En juin dernier, la Cour des Comptes a d'ailleurs fait un bilan, soulignant que ce code de bonne conduite des banques n'est qu'un engagement limité à l'obligation de présenter un rapport à la Commission bancaire. En outre, dit la Cour des Comptes, le manquement éventuel à cette obligation n'est assorti d'aucune sanction.

Faire les gros yeux aux banques, ne suffit pas

Le gouvernement va donc encore une fois "faire les gros yeux" aux banques. Ce qui ne sera sans doute pas suffisant et lors du sommet du G20 à Pittsburg le 24 septembre prochain, Nicolas Sarkozy ne pourra pas se contenter de faire des grandes déclarations... Le Président l'a semble-t-il compris, puisqu'il a convoqué le 25 août les représentants du secteur bancaire et financier pour « vérifier le respect par les banques françaises des règles adoptées par le G20 de Londres, notamment en matière de rémunérations ».

La rédaction, avec Christophe Jakubyszyn-Bourdin & Co