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Sarkozy justifie son action par l'héritage du général de Gaulle

Nicolas Sarkozy à Colombey-les-Deux-Eglises à l'occasion du 40e anniversaire de la mort du général de Gaulle. /Photo prise le 9 novembre 2010/REUTERS/François Nascimbeni/Pool

Nicolas Sarkozy à Colombey-les-Deux-Eglises à l'occasion du 40e anniversaire de la mort du général de Gaulle. /Photo prise le 9 novembre 2010/REUTERS/François Nascimbeni/Pool - -

par Clément Guillou COLOMBEY-LES-DEUX-EGLISES, Haute-Marne (Reuters) - L'héritage du général de Gaulle impose de prendre des décisions difficiles et...

par Clément Guillou

COLOMBEY-LES-DEUX-EGLISES, Haute-Marne (Reuters) - L'héritage du général de Gaulle impose de prendre des décisions difficiles et de précéder les événements, a déclaré Nicolas Sarkozy mardi dans un discours en hommage au fondateur de la Ve République, disparu il y a 40 ans.

Sans citer la réforme des retraites, qu'il devrait promulguer dans les jours à venir après plusieurs mois de contestation sociale, le président de la République a insisté sur le besoin de "méditer sur ce que (de Gaulle) a fait".

"Le général de Gaulle n'a jamais reculé devant la nécessité de décider, quelles qu'aient pu en être les conséquences parfois douloureuses, parce qu'il savait qu'en repoussant trop longtemps la décision, les souffrances seraient plus grandes encore."

Né le 22 novembre 1890 à Lille, le général de Gaulle, chef de la France libre face à l'occupation allemande et au régime de Vichy, président du gouvernement provisoire de la France à la Libération, dernier président du Conseil de la IVe République, fondateur de la Ve dont il fut le premier président de 1959 à 1969, est mort à Colombey-les-deux-Eglises le 9 novembre 1970.

L'exécutif et la majorité ont repris à l'occasion du 40e anniversaire de sa disparition la tradition du pèlerinage sur sa tombe, abandonnée depuis 1999 à la demande de la famille.

En fin de matinée, Nicolas Sarkozy s'est rendu sur les trois lieux de mémoire du gaullisme, séparés de quelques centaines de mètres dans la verdure humide de la Haute-Marne: la tombe blanche du général De Gaulle, dans le petit cimetière de Colombey-les-deux-Eglises ; son bureau de la Boisserie, où le général a rendu son dernier souffle ; la Croix de Lorraine, symbole du gaullisme perché sur une colline.

"FAIRE CE QU'IL Y A À FAIRE"

Il était accompagné de personnalités de la majorité, le Premier ministre, François Fillon, le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, et son homologue de l'Education, Luc Chatel, élu local, le président de l'UMP, Xavier Bertrand, et le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé.

S'il s'est défendu de savoir ce qu'aurait fait Charles de Gaulle aujourd'hui, Nicolas Sarkozy, devant un public souvent en âge d'avoir connu le général, a dit assumer les devoirs qu'impliquaient les institutions pensées par de Gaulle.

"Il a voulu, le général de Gaulle, que le chef de l'Etat assumât le destin du pays, qu'il fixe les grandes priorités et qu'il prenne les grandes décisions qui préparent l'avenir", a dit le président de la République.

"Dans notre pays, dire ce qu'il y a à dire, ça, ça va, c'est facile. Faire ce qu'il y a à faire, voilà la première leçon du général de Gaulle", a-t-il insisté.

"Accomplir ce qu'exige l'intérêt national et pour cela chercher inlassablement, au milieu des intérêts contradictoires et légitimes, la voie de l'efficacité et de la justice. Ces préceptes du général de Gaulle sont d'une actualité absolument brûlante."

Citant l'homme du 18 juin 1940, Nicolas Sarkozy a justifié l'omniprésence qui lui a valu le surnom d'"hyperprésident": "Si la France m'a appelé à lui servir de guide, ce n'est certes pas pour présider à son sommeil".

DES PROBLÈMES PLUS COMPLEXES AUJOURD'HUI

Le président français a toutefois estimé que les problèmes auxquels il était lui-même confronté étaient plus "complexes" que ceux auxquels a dû faire face le général de Gaulle.

"Ils se sont trouvés face à des événements absolument considérables qui étaient à la fois beaucoup plus difficiles que ceux que nous connaissons aujourd'hui, à affronter moralement, mais peut-être moins complexes dans l'analyse des sentiments de ce qu'il convient de faire dans le monde du XXIe siècle où il faut réinventer tant de choses", a-t-il dit après son discours.

Alors que l'héritage gaulliste divise aujourd'hui la droite française, le plus féroce critique du président, Dominique de Villepin, a jugé que Nicolas Sarkozy ne respectait pas "le dépassement, le rassemblement des Français" que symbolisait De Gaulle. "La question nouvelle que je pose c'est (...) est-ce que la politique de Nicolas Sarkozy correspond à l'intérêt général ?", a-t-il dit mardi sur France Info.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, tout en rendant hommage au général, a elle aussi estimé que Nicolas Sarkozy ne pouvait se prévaloir de son héritage. "Alors que cet héritage est aujourd'hui mis à bas, nous ne l'oublions pas", dit-elle dans un communiqué.

Le nouveau lauréat du prix Goncourt a, lui, confessé être un peu dépassé par ces querelles d'héritage. "Ah oui ? C'était important De Gaulle ? Je sais pas, j'ai peut-être tort", a dit Michel Houellebecq sur France Inter.

Edité par Yves Clarisse