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Sarkozy harcèle Hollande et cajole l'électorat du FN

Devancé par François Hollande au premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy est apparu lundi déterminé à harceler le candidat socialiste tout en cajolant l'électorat du Front national pour conjurer le spectre d'une défaite le 6 mai. /Photo

Devancé par François Hollande au premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy est apparu lundi déterminé à harceler le candidat socialiste tout en cajolant l'électorat du Front national pour conjurer le spectre d'une défaite le 6 mai. /Photo - -

Devancé par François Hollande au premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy est apparu lundi déterminé à harceler le candidat socialiste tout en cajolant l'électorat du Front national pour conjurer le spectre d'une défaite le 6 mai.

Il va tenter de séduire les sympathisans Front National. Le chef de l'Etat sortant, donné battu par les sondages au second tour, a pourtant reconduit lundi matin, lors d'une réunion avec son équipe de campagne, une stratégie déjà largement mise en oeuvre dans la campagne du premier tour.

"Le président a dit clairement qu'il gardait le cap qui a été celui de sa campagne du premier tour, avec des valeurs qui sont celles d'une France équilibrée, dans laquelle il y a une place pour le message humaniste", a dit à l'issue de la réunion l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

Mais ce "message humaniste", que les centristes comme le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, allié de Nicolas Sarkozy, entendent porter, risque fort de n'être guère plus audible entre les deux tours qu'avant le premier.

Le chef de l'Etat a beau assurer qu'il veut s'adresser à "tous les Français", ce sont bien les électeurs de la candidate du FN, Marine Le Pen, qu'il a déclaré lundi avoir "entendus".

"Les électeurs du Front national doivent être respectés. Ils ont fait un choix (...) C'est un vote de souffrance, un vote de crise", a-t-il dit à l'issue de la même réunion. "Moi je leur dis, je vous ai entendus, j'en tirerai toutes les conséquences."

Inspiré par son conseiller Patrick Buisson, venu de la droite de la droite, Nicolas Sarkozy s'est efforcé pendant la campagne du premier tour de "casser" à son profit l'électorat du Front national -une stratégie qui lui avait réussi en 2007.

Cette fois, elle a échoué puisqu'elle n'a pas empêché une percée de Marine Le Pen, qui a recueilli dimanche 17,9% des suffrages, un record pour le parti d'extrême droite.

"Vote de crise"

Le chef de l'Etat, qui a rallié 27,18% des voix, à 1,5 point de François Hollande (28,63%), n'a cependant guère le choix, compte tenu du rapport des forces issu du premier tour.

Avec une participation de 80% dès le premier tour et un score inférieur à 10% pour le candidat du MoDem, François Bayrou, dont l'électorat est partagé, c'est dans l'électorat frontiste que se trouvent l'essentiel de ses réserves de voix.

Nicolas Sarkozy et son équipe voulaient voir lundi des raisons d'espérer dans la percée de Marine Le Pen et le score du candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon -11,11% au lieu des 13 à 15% prédits par les enquêtes d'opinion.

Les pronostics des instituts de sondage, qui n'avaient pas prévu ni la mobilisation des électeurs ni le résultat du FN, "ont été balayés", a estimé le chef de l'Etat aux journalistes.

"Il n'y a aucune poussée de la gauche et il y a ce vote de crise qui a doublé d'une élection à l'autre. C'est à ce vote de crise qu'il faut apporter une réponse", a-t-il ajouté. Un argument repris en boucle par ses proches.

L'autre volet de la stratégie du président-candidat est de harceler un François Hollande accusé de "fuir le débat" pour mieux cacher les faiblesses présumées de son projet.

Nicolas Sarkozy, confiant dans ses qualités de débatteur, avait proposé dès avant le premier tour l'organisation de deux débats télévisés entre le 22 avril et le 6 mai, au lieu d'un, comme c'est la tradition en France entre les deux tours.

Il a encore fait monter les enchères dimanche soir en demandant non plus deux mais trois débats, ce que François Hollande a immédiatement rejeté, sans surprise.

"Test comparatif"

Sous couvert de confrontation "projet contre projet, personnalité contre personnalité, expérience contre expérience", la proposition du chef de l'Etat sortant semble avoir pour raison d'être de lui fournir une raison supplémentaire d'accuser son rival socialiste de se dérober.

"Je redis mon incompréhension devant le fait que M. Hollande fuie les débats", a-t-il déclaré lundi. "Les Français doivent avoir les éléments du choix et je ne fuirai pas (...) Et si M. Hollande se dérobe, ça sera sa responsabilité."

Même s'il n'y aura qu'une confrontation directe, sans doute le 2 mai, Nicolas Sarkozy et ses proches promettent de ne laisser aucun répit au candidat du PS.

"Il y aura des temps forts tous les jours, le débat va être créé tous les jours. M. Hollande doit se préparer à une campagne très active et interactive", avertit Jean-Pierre Raffarin, qui juge cette phase "difficile" mais "très ouverte".

"C'est un grand test comparatif pour les Français qui va s'engager", ajoute l'ancien Premier ministre. "Et si François Hollande ne veut pas d'un débat organisé, nous lui poserons des questions quotidiennement."

Nicolas Sarkozy a pour sa part annoncé son intention d'organiser le 1er mai un "grand rassemblement" -sans doute à Paris, selon son entourage.

"Nous allons organiser (...) la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, qui sont exposés, qui souffrent et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille", a-t-il expliqué.

Une façon de défier les "corps intermédiaires" que sont les syndicats, qui organisent traditionnellement ce jour-là de grandes manifestations et qu'il n'a de cesse de critiquer.

Mais peut-être aussi un clin d'oeil au Front national, qui défile également tous les ans le 1er mai dans la capitale.

REUTERS