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Sarkozy et les syndicats peuvent-ils s’entendre ?

Une réunion décisive sur le plan social, dont l'objectif est de répondre à la mobilisation du 29 janvier dernier.

Une réunion décisive sur le plan social, dont l'objectif est de répondre à la mobilisation du 29 janvier dernier. - -

A quelques heures de la réunion sociale entre Nicolas Sarkozy et les partenaires sociaux, retour sur les pistes et l’enveloppe proposées par l’un, et les revendications des autres. Un économiste nous livre son analyse, chiffres à l’appui.

Ce mercredi 18 février à 15h Nicolas Sarkozy va rencontrer les 5 principales organisations syndicales (CGT, FO, CFDT, CFTC et CFE-CGC). Cette réunion sera suivie d'une déclaration télévisée du Président de la République à 20h. L’objectif est de répondre à la mobilisation du 29 janvier dernier, qui avait réuni 2,5 millions de personnes dans les rues. Une rencontre décisive puisque les syndicats ont d’ores et déjà appelé à une nouvelle journée d’action le 19 mars.

« 8 milliards seraient nécessaires »

Lors de l’émission « Face à la crise » le 5 février dernier, Nicolas Sarkozy avait ouvert 4 pistes : « aller plus loin » dans l’indemnisation du chômage partiel, des mesures pour les CDD ou les fins de contrats, l’insertion des jeunes et un effort « pour le bas des classes moyennes », notamment la suspension du 2ème tiers provisionnel de l’impôt sur le revenu, ou une hausse des allocations familiales. Le Président avait mis sur la table 1,4 milliard d’euros pour financer ces mesures sociales.
Une somme « insuffisante » selon les évaluations d’Eric Heyer, économiste à l’Office Français des Conjonctures Economiques (OFCE) : « Ça serait plutôt une enveloppe de 8 milliards qui serait nécessaire. A la fois pour donner un peu plus d’indemnisation chômage à ceux qui sont en fin d’indemnisation, et puis pour permettre aux jeunes qui n’ont pas suffisamment travaillé pour être indemnisés de pouvoir accéder à cette indemnisation. Soit on dit qu’on n’a pas les moyens, soit on se donne les moyens. On pense notamment à la mise entre parenthèses du paquet fiscal, qui coûte aux alentours de 10 à 12 milliards chaque année. »

Des revendications syndicales « intéressantes mais difficiles à mettre en œuvre » ?

Toute la semaine dernière, les syndicats ont été reçus par plusieurs ministres pour préparer la réunion de mercredi et faire part de leurs revendications. Chacun a mis en avant une mesure.
La CFDT propose la création d’un fonds d’investissement social qui permettrait de former et rémunérer les chômeurs, les salariés au chômage partiel et les jeunes qui n’ont jamais travaillé et qui n’ont pas accès à l’assurance-chômage. Un dispositif qui coûterait 6 milliards d’euros.
Pour Force Ouvrière, la priorité est un coup de pouce au Smic et une obligation qu’il n’y ait plus un seul minima inférieur au Smic dès le 1er avril prochain.
Une revalorisation du Smic que demande également la CGT, qui réclame aussi que les baisses de charges accordées aux entreprises soient conditionnées à la signature d’accords salariaux.
Si Eric Heyer estime qu’« augmenter le Smic à l’heure actuelle alors que certaines entreprises connaissent des difficultés, pourrait être assez négatif pour elles », l’économiste reconnaît qu’« en revanche, faire un fonds pour aider les personnes qui vont être les premières touchées par la crise, c’est-à-dire celles qui vont perdre leur emploi, semble être une meilleure idée. Quant à conditionner les aides à des négociations salariales, c’est également une piste assez intéressante, mais très difficile à mettre en œuvre parce que qu’est-ce que ça veut dire "ouvrir des négociations" ; à partir de quand peut-on considérer que l’entreprise a joué le jeu et peut donc bénéficier de ces baisses de charges ? »

La rédaction, avec Annabel Roger