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Politique

Sarkozy et le tube de dentifrice

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn.

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn. - -

Le péril jeune. C’était l’un des faits marquants de la journée de mobilisation de ce mardi contre la réforme des retraites. Des jeunes, des lycéens étaient dans la rue. Pas forcément très nombreux. Mais ils étaient là. Et le gouvernement a peur qu’ils soient de plus en plus nombreux.

« Les lycéens, c’est comme le dentifrice : quand ils sont sortis du tube, on ne peut plus les faire rentrer ».
Cette formule a été inventée au ministère de l’Education nationale par on ne sait qui. La légende veut que ce soit un haut fonctionnaire du ministère. Elle était en tout cas utilisée par les anciens ministres Jack Lang et Luc Ferry. Et hier soir à l’Elysée, autour de Nicolas Sarkozy, cette formule a connu une deuxième jeunesse. D’ailleurs, il y a un fait qui ne trompe pas. Pour faire le point sur la journée de mobilisation, le Président avait convié hier soir, pour la première fois, son ministre de l’Education, Luc Chatel, missionné pour suivre lycée par lycée, la mobilisation. Et, de fait, le ministère de l’Education nationale la surveille comme le lait sur le feu.

Luc Chatel forcé de jouer l'espion

Région par région, établissement par établissement, le ministère suit ainsi les mouvements d’humeurs et de blocage des lycées. Un quasi-travail d'espionnage, en exagérant un peu. En tout cas, le ministère fait son travail de veille de manière très efficace. Et c’est ce que demande le Président à Luc Chatel. Autres exemples : on dresse des listes des noms des provisieurs qui encouragent ou sont indulgents avec les élèves qui séchent les cours, ou celle des profs qui distribuent des tracts, et encore celle des associations de parents d’élève qui mettent la main à la pâte. Hier à paris, c’était par exemple Victor Hugo, Charlemagne, Sophie Germain, Maurice Ravel qui étaient en ligne de mire pour avoir dû fermer leur porte face à la mobilisation de leurs élèves.

Sarkozy et le tube de dentifrice

Alors le gouvernement est-il inquiet ? Non, ce n’est pas tout à fait le mot. Agacé oui. Mais Nicolas Sarkozy restait serein hier soir à l’Elysée. Content, d’une certaine manière, de la démonstration de force réussie par les syndicats. « A grosse réforme, grosse manifestation. A petite réforme, petite manif », répète le Président qui veut être le chef d’orchestre d’une grosse réforme. Et objectivement, le chef de l’Etat a reconnu que la mobilisation était réussie côté syndical. Mais le chef de l’Etat commence à s’impatienter. Il l’a dit à ses ministres : « Maintenant, il faudrait que ça s’arrête ». Et ce n’est pas la reconduction des débrayages à la SNCF ou dans les transports publics urbains qui l’inquiètent. Car il pense qu’après samedi, ça sera fini. En revanche, pour la jeunesse, rien n’est écrit.

Ce matin dans sa salle de bain, Nicolas Sarkozy devra penser à deux choses. A la présidentielle en se rasant. A la jeunesse en se brossant les dents.

bourdinandco